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Il y a 44 ans débutait la première guerre civile au Tchad

Blaise Dariustone
11 février 2023

Cette guerre déclenchée par une simple altercation entre deux élèves chrétien et musulman va installer des tensions encore actuelles dans le pays.

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Mahamat Idriss Deby
L'accord négocié par Mahamat Idriss Deby à Doha tarde à se concrétiserImage : Michel Euler/AP Photo/picture alliance

Le 12 février 1979, une altercation entre deux élèves, un chrétien et un musulman, déclenchera le début de la première guerre civile au Tchad.

Plus de 40 ans après, le pays est loin de sortir du cycle de la violence et ceci, malgré la signature d’un accord de paix entre plusieurs groupes rebelles et le gouvernement de transition, à Doha au Qatar.

Sept mois plus tard, le processus de Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR) de ces anciens rebelles prévu par cet accord n’a toujours pas commencé. Cette situation représente une menace pour le Tchad.  

En raison du contexte sociopolitique tendu, le gouvernement tchadien et la plupart des leaders de ces mouvements rebelles n’ont pas souhaité se prononcer sur la question.

La plupart des leaders de ces mouvements sont rentrés à N’Djamena à la faveur de l’accord de Doha pour participer au dialogue national. En acceptant de revenir au Tchad, ils ont aussi bénéficié de compensations financières et parfois aussi, des postes de responsabilité leur ont été attribués.

Processus de DDR 

La question du désarmement de leurs troupes reste malgré tout une préoccupation majeure et urgente, estime Abdallah Chidi Djorkodei, le président du Front de la nation pour la démocratie et la justice au Tchad. Il dirige par ailleurs le Comité supérieur des politico-militaires pour le suivi de l’accord de Doha.

Il estime que "l’accord de Doha a été signé sous réserve d’un certain nombre de points. Tant que le gouvernement n’exécute pas les conclusions de cet accord nous ne pouvons pas être considérés comme des anciens politico-militaires étant donné que nous avons encore nos combattants sur le terrain. Et des mouvements politiques militaires qui n'ont pas signé l'accord de Doha sont encore aussi sur le terrain. Si le processus de DDR ne commence pas dans les jours à venir, ces mouvements rebelles peuvent à tout moment récupérer nos combattants qui sont encore sur le terrain."

Moyens financiers  

Selon plusieurs sources, le gouvernement tchadien attend de ses partenaires, notamment l’Union européenne, les Nations unies et le médiateur qatari, des moyens financiers pour commencer le processus.

Roland Marchal, chercheur en sciences politiques à Paris, spécialisé dans les guerres civiles en Afrique, craint que certains leaders de ces mouvements rebelles ne fassent une volte-face le moment venu.

Selon lui, "malgré que le gouvernement soit sans doute désireux d'aller de l'avant de ce côté-là, il doit chercher de l'argent parce que c'est une manœuvre qui peut être relativement coûteuse. La non-exécution du DDR de ces combattants rebelles est un risque d'instabilité. Je crois que ce qui se passe en général, du côté des mouvements rebelles, c’est que certains jouent le jeu du DDR, c'est à dire ils prennent de l'argent et bénéficient un peu des périodes fastes du DDR et puis au moment où il faut franchir le pas et aller vers un désarmement intégral, ils repartent."

Il faut préciser que la plupart des groupes armés signataires de cet accord restent des mouvements non actifs, dont certains n'ont ni soldats ni armements, et qui se présentent comme des rebelles pour bénéficier avant tout des aides financières promises.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais