Angela Merkel en Turquie
29 mars 2010Le journal Die Welt critique la demande répétée de Recep Tayyip Erdogan d'ouvrir des lycées turcs en Allemagne. Le Premier ministre turc croit à tort qu'augmenter la présence turque en Europe donnera plus de poids à l'ambition de son pays d'entrer dans l'Union européenne. Angela Merkel a compris la tactique d'Erdogan et a su la déjouer. En ce qui concerne l'adhésion de la Turquie à l'Union, c'est elle qui a les dés en main et son scepticisme sur la question est loin d'avoir disparu.
Angela Merkel a déjà pris position de façon claire, écrit la Westdeutsche Zeitung. Elle considère que pour les immigrés, l'apprentissage de la langue allemande est aussi important que le respect des lois. Ce en quoi elle contredit son hôte Recep Tayyip Erdogan, qui a exigé l'ouverture de lycées turcs pour que ses concitoyens se consacrent en priorité à leur langue maternelle. Mais la chancelière a raison de réagir de façon si peu diplomatique sur ce point. Car il existe déjà en Allemagne des groupes d'immigrés qui se coupent du reste de la société et ce problème risque de s'ancrer encore plus profondément. Exiger un minimum de connaissances de la langue du pays où ils habitent n'a rien d'intolérant ou de xénophobe.
La Frankfurter Rundschau expose de son côté ses arguments en faveur d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne : à l'époque de la Guerre froide, c'était l'importance militaire de ce partenaire de l'Otan qui intéressait l'Europe. Aujourd'hui, l'Union a des raisons bien plus convaincantes d'intégrer la Turquie. Son pouvoir économique croissant, son importance en tant que pays par lequel transitent les sources d'énergie, sans oublier sa structure démographique dynamique et son rôle géopolitique à la bordure du Proche-Orient et de l'Asie centrale : toutes ces raisons rendent la Turquie indispensable à l'Europe.
On a jusqu'à présent l'impression qu'Ankara ne met pas tout son cœur dans les négociations, relève le Handelsblatt. Au bout de cinq ans, le processus d'adhésion stagne complètement. Et le gouvernement turc est lui-même responsable de cette situation, car le pays ne répond toujours pas aux exigences du protocole d'Ankara. Le refus de reconnaître Chypre et de régler ainsi l'un de principaux points litigieux est une perche tendue à ceux qui s'opposent à l'adhésion de la Turquie.
Auteur : Aude Gensbittel
Edition : Carine Debrabandère