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Burkina : ce que l'on sait sur la mort des 12 détenus

15 mai 2020

Une enquête est ouverte pour déterminer la cause de ces décès. Mais le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés affirme qu’il s’agit d’exécutions sommaires.

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Des gendarmes burkinabè
Des gendarmes burkinabèImage : Getty Images/AFP/I. Sanogo

La mort de douze personnes détenues dans les locaux de la gendarmerie de Tanwalbougou, dans l’est du Burkina Faso, continue de susciter beaucoup de questions sur les raisons de ce drame.

Selon le procureur de Fada N'Gourma, ces personnes ont été arrêtées pour "suspicion de faits de terrorisme" et sont mortes dans leurs cellules. Cette version est contestée par le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés (CISC).

Les allégations des autorités burkinabè ne correspondent en effet pas à plusieurs témoignages recueillis par le CISC.

Pour son secrétaire général, Daouda Diallo, il s’agit d’exécutions sommaires :

"Les corps en putréfaction qui ont été acheminé à la morgue de Fada ont été torturés. Et chaque victime avait une balle dans le crâne. Donc c’est dur de croire que c’est par suffocation que ces personnes sont décédées", explique Daouda Diallo.

Des affirmations qui sont confirmées par Aziz Diallo, cousin d’une des victimes.

Identification des victimes

Aziz Diallo explique le flou entretenu autour de l’identification des corps à la morgue de Fada N’Gourma ainsi qu’au cimetière :

"A la morgue, ils nous ont dit que les corps étaient dans un état de putréfaction avancé  donc ce n’était pas possible de les identifier. Ce qui a été retenu c’est que les corps allaient être transférés au cimetière. Et là-bas, ils allaient ouvrir individuellement les sacs pour que les familles puissent procéder à l’identification de leur proche et à l’enterrement." 

Aziz Diallo affirme qu'"arrivé au cimetière, aucune autorité n’était là pour que les familles identifient leurs proches. Mais quand on enlevait les corps, nos parents ont pu reconnaitre le corps de notre cousin parce que le sac dans lequel il se trouvait était un peu transparents. Et on a constaté des taches de sang qui venaient de la tête des douze victimes."

 "Enquête spéciale" 

Selon le CISC, il ne s'agit pas d'un "cas isolé" dans cette gendarmerie de Tanwalboulgou. D’autres exécutions extrajudiciaires s’y seraient déroulées sous couvert de lutte antiterroriste.

Interrogé sur les causes de ces décès, le ministre de la Justice préfère s’en tenir au communiqué du procureur de Fada N'Gourma, en attendant les résultats de l’enquête.

Mais selon le secrétaire général du CISC, une enquête confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Fada N'Gourma ne peut être impartiale. Il exige, tout comme les familles, une "enquête spéciale".

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique