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Ibrahim Traoré, déjà deux années au pouvoir au Burkina

30 septembre 2024

Deux ans après l'arrivée à la tête du Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré, quel bilan sur le plan sécuritaire, mais aussi des droits humains ?

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Ibrahim Traoré souriant
Le capitaine Ibrahim Traoré avait invoqué l'insécurité pour justifier son putsch il y a deux ansImage : Stanislav Krasilnikov/ITAR-TASS/IMAGO

Au Burkina Faso, cela fait deux ans que le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir en renversant le lieutenant-colonel Damiba. Ce dernier avait lui-même pris le pouvoir par les armes en chassant le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Le capitaine Ibrahim Traoré avait justifié son putsch par l'incapacité des autorités en place à l'époque à ramener la sécurité.

L'insécurité et la mauvaise gouvernance... Le capitaine Ibrahim Traoré avait évoqué ces raisons pour justifier sa prise de pouvoir par la force. Il avait donc, dans la foulée, fait des promesses.

"Il était venu avec quelque chose de précis, consistant à dire que dans six mois, il vaincrait le terrorisme et que dans moins de douze mois, il organiserait les élections pour remettre le pouvoir à un dirigeant démocratiquement élu", rappelle Newton Ahmed Barry, éditorialiste et ancien président de la Commission électorale burkinabè.

Il précise qu'au lieu de tenir ces promesses, le capitaine Traoré a, au contraire, élargi au fil du temps ses objectifs, en mettant un accent sur la lutte contre "l'impérialisme" et en occultant la question de l'organisation des élections.

"Il était venu avec quelque chose de précis"

Des décisions marquantes qui ne suffissent pas

En deux ans de pouvoir, le nouvel homme fort de Ouagadougou a pris des décisions qui ne sont pas passées inaperçues, comme par exemple celle du retrait du Burkina Faso de la Cédéao, en même temps que ses voisins, du Mali et du Niger. Les trois pays, tout en prenant leurs distances avec certains de leurs alliés occidentaux, vont non seulement se rapprocher de la Russie, mais aussi fonder l'Alliance des États du Sahel (AES).

Sur le plan sécuritaire, un rapport de l'Institut d'études de sécurité (ISS), publié en février dernier, rappelle que le gouvernement burkinabè a "réorganisé les forces de défense et de sécurité, acquis de nouveaux équipements militaires et recruté environ 10 000 fonctionnaires dans l'armée et la marine".

Il y a également l'enrôlement de nombreux volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et la création du Fonds de soutien patriotique pour renforcer l'engagement des citoyens en matière de sécurité.

Mais tout ceci n'a pas mis un réel frein aux attaques terroristes. L'une des plus marquantes étant celle du 24 août dernier à Barsalogho, dans la région du Centre-Nord. Cette attaque, revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, aurait fait plus de 400 morts, selon un collectif de proches des victimes. Côté pouvoir, aucun bilan officiel n'a été communiqué et le président Ibrahim Traoré est resté muet.

Interrogé sur la situation sécuritaire, un membre des VDP à Yako dans le nord du Burkina Faso, a confié à la DW qu'il faut plus que deux ans pour venir à bout des terroristes.

Si sur le plan sécuritaire beaucoup reste à faire, Paul Amegakpo, président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance, note quelques points positifs, notamment sur le plan budgétaire.

"La gouvernance du président Ibrahim Traoré est mitigée"

"Au niveau de la gouvernance économique, on a remarqué que le budget a été boosté, passant de 1 200 milliards de FCFA en 2022 à environ 3 000 milliards de FCFA en 2024", précise l'expert qui explique que "cela a été justifié par l'économie de guerre que le président Ibrahim Traoré a mise en place pour pouvoir contrer l'avancée des groupes terroristes".

De plus en plus de restrictions des libertés

L'expert en gouvernance Paul Amegakpo déplore toutefois les restrictions des libertés qui s'accentuent dans le pays.

Selon lui "au niveau de la gouvernance démocratique, notamment les libertés individuelles et collectives et l'indépendance de certaines institutions publiques comme la justice et l'Assemblée nationale, il y a de graves atteintes à ces libertés". Il fait observer également que "les associations et les partis politiques ont vu leur espace de liberté restreint de manière drastique".

Une restriction des libertés que déplore également l'éditorialiste et ancien président de la Commission électorale burkinabè Newton Ahmed Barry.

Les deux ans au pouvoir d'Ibrahim Traoré sont aussi marqués par des affaires de réquisitions forcées. Des personnalités ont été contraintes d'aller se battre au front. Pour de nombreux observateurs, le bilan des deux ans de pouvoir du chef de la junte reste mitigé.