« Bébé Kim a compris la règle du jeu »
2 avril 2013La Süddeutsche Zeitung observe : chaque année en février, sur la péninsule coréenne, débute un spectacle qui, par sa prédictibilité, rappelle les migrations de l'oiseau chanteur. Les troupes sud-coréennes et l'armée américaine se rassemblent pour des manœuvres communes et la Corée du Nord prend le prétexte de ces exercices pour se livrer à des menaces.
Au delà de la question des motivations derrière ces actes, se cache un problème plus grave : quelle peut bien être la réalité du jeune Kim ? Le commandant en chef nord-coréen est-il, malgré tout ce vacarme, un acteur rationnel ou voit-il le monde à travers un filtre fait sur mesure ?
Die tageszeitung donne sa réponse à cette question, en titrant « Bébé Kim a compris la règle du jeu ». Le dictateur nord-coréen croit-il pouvoir gagner une guerre contre des États-Unis surarmés ? Non, pas plus que son père avant lui. Mais à en croire le journal, les menaces proférées ont plusieurs avantages pour Pyongyang : à l'intérieur, celui de tenir tête aux Américains et aux Sud-Coréens, désignés comme les "ennemis".
À l'extérieur, le pays apparaît imprévisible, ce qui donne de l'espace pour négocier. Et la "taz" prédit que bientôt, on verra les pays de la région et les puissances internationales se réjouir de voir Pyongyang à nouveau disposé à discuter. Et ils feront alors des concessions : des livraisons de pétrole, de denrées alimentaires et l'allègement de sanctions renforcées il y a peu.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'intéresse aux coulisses de ces menaces nucléaires : une explication est peut-être à chercher du côté de la réunion du Comité central du Parti des travailleurs qui s'est tenue ce week-end, en Corée du Nord. Les délégués y ont adopté un programme qui ne sonne pas comme une préparation à une entrée en guerre. Il y est plutôt question du développement de l'économie.
Et c'est dans ce but qu'a été nommé un nouveau Premier ministre, qui obtient au passage un poste au Bureau politique du Parti, ce qui lui donne beaucoup de pouvoir au sein du système nord-coréen. En admettant que l'armée voit en cela une remise en cause partielle de sa position dominante, la rhétorique guerrière actuelle trouve tout son sens.