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Commémoration du "jeudi noir" au Tchad deux ans après

Blaise Dariustone
21 octobre 2024

L'opposition a commémoré la sanglante répression du 20 octobre 2022. Des dizaines de personnes avaient été tuées lors d'une manifestation contre la prolongation de la transition.

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La violente répression des manifestations contre la prolongation de la transition au Tchad, le 20 octobre 2022, aurait fait plusieurs morts, selon plusieurs ONG
La violente répression des manifestations contre la prolongation de la transition au Tchad, le 20 octobre 2022, aurait fait plusieurs morts, selon plusieurs ONGImage : LE VISIONNAIRE/REUTERS

La journée du 20 octobre 2022 demeure à jamais gravée dans la mémoire collective de nombreux tchadiens. Cette violente répression aurait fait 73 morts selon le gouvernement tchadien. Mais l'opposition et la société civile évoquent un bilan de plus de 300 morts pour la plupart des militants du parti les Transformateurs.

Au cours d'une cérémonie dimanche soir, 20 octobre, à la cité des martyrs dédiée à tous ceux qui sont tombés ce jour, Succès Masra salue leur mémoire.

"Je voudrais que nous rendions hommage à ceux qui sont les plus grands parmi nous. Ceux qui sont tombés ont voulu nous libérer des chaises de la résignation pour installer un Tchad de justice et d'égalité afin de restaurer la dignité pour chacun de nous.", a dit Masra.

Avant de poursuivre : "En acceptant de vivre le martyr ils ont montré un chemin de sacrifice qui doit raisonner dans notre cœur comme un vibrant rappel du prix du courage de la liberté. Ils n'ont jamais voulu la mort mais leur vie a été arrachée alors qu'ils avaient les mains nues".

"Nous ne cesserons jamais de réclamer justice"

Les Transformateurs de Succès Masra ne participeront pas aux législatives
Les Transformateurs de Succès Masra ne participeront pas aux législativesImage : Joris Bolomey/AFP

En novembre 2023 le gouvernement tchadien  et le parti les Transformateurs se sont accordés sur une amnistie à travers un accord de réconciliation signé à Kinshasa pour permettre le retour au pays de Succès Masra après un an d'exil suite à ces évènements.

Une amnistie qui prive les victimes du droit à la justice. Ce que dénonce la coalition citoyenne Wakit-Tama également à l'origine de cette manifestation. Max Loalngar est l'un des portes paroles.

"Combien de nos camarades sont tombés et qui sont les coupables de ces meurtres du 20 octobre 2022. Amnistier c'est décider de faire table rase du passé pour construire un avenir plus radieux. Comment est-ce possible de construire l'avenir si le passé n'est pas maîtrisé et connu ?", s'est interrogé LoaIngar. "Sur cette question nous à Wakit-Tama nous avons dit non. Il n'y a pas d'amnistie qui tienne et nous ne cesserons jamais de réclamer justice", a-t-il dit. 

Outre la coalition citoyenne Wakit-Tama, plusieurs autres organisations de défense des droits humains appellent le gouvernement tchadien à indemniser au moins les victimes et leurs familles.

L'opposition boycotte les élections de décembre

Succès Masra -lors de la commémoration de cette sanglante répression ce dimanche 20 octobre- a annoncé que son parti ne participera pas aux prochaines élections législatives, locales et communales prévues fin décembre prochain. Selon lui participer à ces élections reviendrait à cautionner la continuité du système Deby. Ils estiment que les résultats de ces élections "sont déjà dans les ordinateurs" comme ce fut le cas de la dernière présidentielle dont il conteste toujours la victoire de Mahamat Idriss Déby Itno. 

Pour les mêmes raisons, un autre farouche opposant, Max Kemkoye, a annoncé aussi que son parti l'Union des démocrates pour le développement et le progrès UDP ne participera pas à ces futures élections.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais