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EconomieAfrique

Beny Steinmetz devant la justice suisse pour corruption

11 janvier 2021

Le magnat franco-israélien Beny Steinmetz comparaît cette semaine à Genève pour répondre devant la justice de son rôle dans une affaire de pots-de-vin à de hauts dignitaires guinéens en échange de droits miniers.

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Le magnat franco-israélien Beny Steinmetz
Le magnat franco-israélien Beny SteinmetzImage : Getty Images/AFP/J. Guez

Le procès qui s’est ouvert ce lundi 11 janvier est l'aboutissement de sept annés d'enquête. Beny Steinmetz risque à Genève jusqu’à dix ans de prison. A la fin des années 2000, le gouvernement guinéen de l'ancien président Lansana Conté retirait au groupe anglo-australien Rio Tinto l'exploitation d'un des plus importants gisements de fer au monde, à Simandou en Guinée, au profit de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR).

Mais selon le parquet genevois, un "pacte de corruption" aurait alors été passé entre Beny Steinmetz, ses représentants en Guinée et Lansana Conté, ainsi que sa quatrième épouse Mamadie Touré. 

Il est alors question de pots-de-vin présumés. La somme d'environ dix millions de dollars, soit 8,2 millions d'euros, est évoquée. 

Akoumba Diallo est journaliste d’investigation guinéen, spécialisé dans la gouvernance des ressources extractives et l’auteur du livre Dans l'arène de Simandou. Pour lui, ce procès s’inscrit dans la continuité de cette affaire.

"Ce n’est qu’une suite logique des travaux de la coopération judiciaire qui a été établie entre la Suisse et la Guinée. Le procureur suisse avait travaillé avec la justice guinéenne pour entendre les citoyens guinéens qui sont impliqués dans l’attribution des licences minières au groupe appartenant à Beny Steinmetz. J’imagine que le procès devant le tribunal correctionnel de Genève va nous apporter d’autres révélations " prédit le journaliste.

Un arrangement mais pas la fin des poursuites  

En 2013, Beny Steinmetz avait affirmé avoir investi 170 millions de dollars dans la mine de Simandou avant d'en revendre 51% en 2010 au groupe brésilien de matières premières Vale pour 2,5 milliards de dollars, soit presque 30 fois plus cher.

2010 est justement l'année où à la suite de son élection, le nouveau président Alpha Condé avait lancé une remise à plat de tous les permis d'exploitation minière accordés par son prédécesseur Lansana Conté. Il annulera notamment les droits de BSGR quatre ans plus tard.

Le président Alpha Condé (photo) avait lancé une remise à plat de tous les permis d'exploitation minière accordés par son prédécesseur Lansana Conté. Il a notamment annulé les droits de BSGR.
Le président Alpha Condé (photo) avait lancé une remise à plat de tous les permis d'exploitation minière accordés par son prédécesseur Lansana Conté. Il annulera notamment les droits de BSGR. Image : Facebook/Alpha Condé

Beny Steinmetz et la nouvelle présidence guinéenne parviendront à trouver un accord en 2019. BSGR acceptait alors de renoncer aux droits sur Simandou en échange d'un abandon des poursuites pour corruption. Un arrangement qui n'a toutefois pas mis fin aux poursuites engagées par le parquet genevois. Pour des membres de la société civile guinéenne, comme Dansa Kourouma, il est important que la Guinée tire les leçons de ce procès.

"L'intérêt le plus important pour la Guinée, c’est de mettre fin à la corruption dans l’exploitation minière. Nous sommes vigilants sur la leçon que l’Etat guinéen retiendra de ce procès, comme expérience pour les futures négociations de contrats" espére-t-il.

Après des mois de négociations, le gouvernement guinéen a donné son feu vert pour l’exploitation des gisements de minerai de fer des blocs un et deux du Mont Simandou par le consortium sino-singapouro-guinéen SMB-Winning. La société civile entend bien rester cette fois-ci vigilante pour que les populations ne soient pas lésées.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique