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Une visite de la Cédéao au Burkina décriée

Charles Bako
4 octobre 2022

Au Burkina Faso, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté dans la capitale Ouagadougou contre la visite d'une délégation de la Cédéao.

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Un manifestant brandit le drapeau du Burkina.
Manifestation dans les rues de Ouagadougou.Image : Olympia de Maismont/AFP

Suite au deuxième coup d'Etat en huit mois au Burkina, la délégation de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest était venue discuter avec la nouvelle junte au pouvoir. De nombreux Burkinabè ont brandi des slogans favorables à la Russie et hostiles à la Cédéao et à la France. Certains manifestants ont barricadé l'axe de l'aéroport mais le nouveau chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré, a laissé entendre que ce dialogue était nécessaire. 

La Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest est en effet discréditée aux yeux de nombreux habitants de Ouagadougou. Serge Bayala, secrétaire permanent du mémorial Thomas Sankara, estime que la Cédéao n'a pas été transparente dans ses relations avec l'ancienne junte.

Des manifestants brandissent le drapeau russe lors d'une manifestation à Ouagadougou.
Manifestation à Ouagadougou avec le drapeau russe. Image : Sophie Garcia/AP/picture alliance

"La Cédéao aurait pu être très lucide sur la gestion de Damiba parce que Oumaro Embalo s'était déplacé à Ouagadougou et avait crié haut et fort que Damiba et son équipe engrangeait des victoires sur le plan sécuritaire. Alors, la Cédéao a adoubé l'incapacité de gouvernance de la question sécuritaire de Damiba et lui a reconnu des succès. Donc si elle ne joue pas la carte de transparence pour prévenir les déstabilisations, il ne faudrait pas qu'elle vienne se montrer après les catastrophes qu'elle a généré par sa complicité. Pour moi, il y a un problème de légitimité de la Cédéao à vouloir prescrire un agenda qui a été déjà arrêté" explique Serge Bayala.

"Soigner le mal"

Si la Cédéao semble s'inquiéter du délai pour un retour à la légitimité constitutionnelle, cela ne semble pas être la première urgence au Burkina Faso. Drissa Konaté est analyste politique et il estime que le retour de la sécurité est plus urgent que celui des élections.

Selon lui "le problème des accords, ce n'est pas d'aboutir à des élections. Les réalités ont changé. On s'attarde plus sur les détails". A en croire l'analyste "la stabilité du pays détermine les clauses. Il faut qu'on détermine des causes, il faut soigner le mal. Ce n'est pas le délai le problème".

Ecoutez les précisions de Charles Bako

Le capitaine Ibrahim Traoré, qui vient de renverser le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, serait-il mieux disposé à remettre le pouvoir aux civils ? Serge Bayala pense qu'il n'y a pas d'autre issue possible.

"Là on est encore sur l'émotion parce que la réalité des influences n'a pas encore dit son dernier mot. Mais je crois fermement qu'aujourd'hui, nous n'avons pas d'autre perspective que d'aller vers un pouvoir civil. Il (Ibrahim Traoré) vient juste de ratifier une volonté populaire" estime-t-il.

Dans un communiqué, le capitaine Ibrahim Traoré a affirmé que la mission de la Cédéao est "une prise de contact". Le nouveau chef de la junte a regretté les appels à bloquer les représentants de la Cédéao et a appelé les habitants de la capitale au calme.

Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais