RCI: les filles meilleures que les garçons à l'école
10 juin 2024Les filles ont atteint un taux de réussite de près de 84% au CEPE, grâce à la mise en œuvre d'une loi de 2018 sur la scolarité pour tous.
"Je suis admise au certificat d'études primaires et élémentaires (CEPE) et je suis très contente. L’année prochaine, je serai en classe de 6ème", témoigne Awa Diallo, âgée de neuf ans.
Franck Emmanuel, dix ans, renchérit : "Avant les résultats, je n’avais pas peur. Parce que j’avais bien travaillé à l’examen. Quand on m’a dit que j’étais admis, j’étais content et je rends gloire à Dieu. Je dis merci à parents qui m’ont soutenu".
Tous deux font partie des 512.563 élèves admis au certificat d'études primaires élémentaires (CEPE) en Côte d'Ivoire cette année.
Un bonheur partagé
Dans la cour du groupe scolaire de la Sogephia, à la Riviera, dans la commune de Cocody, la DW a rencontré Georgette Brou, venue pour le retrait des attestations de réussite de sa fille. Elle raconte son bonheur au moment de la proclamation des résultats.
"J’attendais ces résultats patiemment. J’ai constaté que mon enfant était admise et j’étais encore plus contente. Je l’ai même soulevée", se réjouit-elle.
La directrice des examens et concours, Mariam Nimaga Dosso, donne les chiffres d’admissibilité au certificat d'études primaires et élémentaires, qui positionnent les filles en tête du classement.
Selon elle, "ces résultats, analysés sous l’angle du genre, révèlent que sur 305.077 filles présentes, 256.563 sont admises et que sur 309.044 garçons présents, 255.999 le sont également".
Évolution positive
Cette réussite scolaire des filles marque une évolution dans un pays où leur scolarité n’a pas toujours été une priorité, surtout dans les parties nord et est du pays. Dans ces régions, les filles étaient cantonnées au rôle de mère et assuraient les travaux domestiques et champêtres.
Mais pour Mah Camara, journaliste et spécialiste des questions de genre, la loi de 2018 sur l’école obligatoire pour tous les enfants, de six à 16 ans, et la campagne de sensibilisation qui l’a accompagnée, expliquent la réussite des filles à cet examen.
Elle explique qu"en mars 2018, la Côte d’Ivoire s’est dotée d’un plan stratégique d’accélération de l’éducation des jeunes filles, dont l’objectif est de renforcer les actions en faveur de la scolarisation de ces jeunes filles. Ensuite, il y a eu un fort investissement du gouvernement ivoirien dans les cantines scolaires, un investissement de plus de 16 milliards de francs CFA".
Pourtant, selon les chiffres de la Banque mondiale, les dépenses publiques consacrées à l’éducation sont en baisse en Côte d’Ivoire.
La loi de 2018 a bien été suivie par une hausse des budgets alloués aux élèves, mais celle-ci a été provisoire.
Dès 2019, la diminution a repris avec des dépenses allouées à l’éducation qui ont atteint, en 2023, 12,8% de l’ensemble des engagements publics. Alors qu’elles représentaient 20% quatre ans plus tôt.