« Des défis énormes en Egypte »
22 juin 2014John Kerry est le plus haut représentant américain à se rendre en Egypte depuis l'investiture du président Abdel Fattah al-Sissi il y a deux semaines. Pour les Etats-Unis, l'objectif est de montrer leur soutien au pays, mais aussi d'exprimer leurs inquiétudes face à la répression de l'opposition. Lors d'un entretien avec son homologue égyptien Sameh Choukri, John Kerry a déclaré :
« C'est un moment critique de transition en Egypte, avec d'énormes défis. Les Etats-Unis souhaitent travailler étroitement avec le président al-Sissi et son gouvernement pour contribuer à rendre cette transition aussi rapide et harmonieuse que possible. Il y a des sujets de préoccupation, mais nous savons comment les gérer. »
Condamnations en masse
La visite de John Kerry au Caire survient au lendemain de la confirmation de la condamnation à mort de 183 partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, notamment le chef de file des Frères musulmans Mohamed Badie. Ces personnes étaient jugées pour leur rôle présumé dans des violences en juillet dernier à Minya. Amnesty international a dénoncé la partialité du système judiciaire et a demandé aux autorités égyptiennes d'annuler ces condamnations à mort et d'ordonner un nouveau procès équitable. Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme, ces verdicts sont le « dernier exemple en date de la volonté de la justice égyptienne d'écraser toute dissidence ». Depuis la destitution du président Morsi par l'armée il y a presqu'un an, le pouvoir égyptien a multiplié les arrestations et les condamnations de ses partisans. De plus, la confrérie des Frères musulmans a été interdite, elle est aujourd'hui considérée comme une organisation terroriste par les autorités.
Reprise de l'aide américaine
En octobre dernier, le gouvernement américain avait suspendu son aide financière à l'Egypte et conditionné sa reprise à la mise en place de réformes démocratiques dans le pays. Suite à l'élection présidentielle du mois de mai, qui a vu la victoire d'Abdel Fattah al-Sissi, Washington a débloqué 572 millions de dollars d'aide à l'Egypte, soit un tiers de l'aide totale prévue par les Etats-Unis pour leur allié. John Kerry a précisé que le reste des fonds serait débloqué quand son pays aurait « la preuve qu'Abdel Fattah al-Sissi gouverne de manière démocratique ».
Discussions sur la crise en Irak
L'un des sujets abordés pendant la visite de John Kerry était la situation en Irak et l'avancée des djihadistes de l'EIIL, l'Etat islamique en Irak et au Levant. Le secrétaire d'Etat américain a insisté sur le fait que les dirigeants irakiens devaient « dépasser les divisions confessionnelles » pour résoudre la crise. Selon lui, il revient aux Irakiens de choisir leurs représentants et les Etats-Unis ne tentent pas de le faire à leur place. John Kerry doit ensuite se rendre à Amman en Jordanie, puis à Bruxelles et Paris.