Escalade de l'horreur au Cameroun
18 septembre 2018La vidéo est cruelle et elle a été confirmée par les experts médico-légaux embauchés par Amnesty International. Cette décapitation s’inscrit dans une escalade de la violence et de la peur dans les régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, estime Hans de Marie Heungoup. "On était déjà au courant des bavures commises par les forces de sécurité camerounaises contre les civils. Mais on observe que depuis des mois, les militants séparatistes sont de plus en plus eux aussi en train de cibler des civils en général et des actes difficiles à qualifier contre les forces de sécurité, dans une logique d'instaurer la peur et, espèrent-ils, une victoire psychologique contre ces derniers", ajoute le chercheur à l'International Crisis Group.
L’armée et les sécessionnistes indexés
Depuis le début des tensions dans les deux provinces anglophones du Cameroun, fin octobre 2016, l’armée Camerounaise est régulièrement accusée de commettre de nombreuses exactions contre des civils. C’est pourquoi, Amnesty International appelle les autorités camerounaises à ouvrir une enquête sur tous les crimes commis par les deux parties en conflit : l’armée et les séparatistes.
Réponse du Colonel Didier Badjeck, porte-parole de l'armée camerounaise : "nous sommes sur le champs de bataille depuis quatre ans. Et il pourrait arriver que cette multiplication de champs de bataille et cette longévité de la guerre nous expose à certaines exactions qui peuvent se dessiner ici et là. Sans que ce ne soit le fait récurrent de toute la troupe. C’est à nous de pouvoir extirper ces brebis galeuses".
Les craintes des défenseurs des droits humains
Selon Amnesty International, depuis début 2018, environ 400 civils ont été tués par l’armée ou par "Ambazonia Liberation Forces", composé des séparatistes armés. Ces derniers auraient, toujours selon AI tué, plus de 160 soldats loyalistes. L’ONG n’a cependant fourni aucun chiffre concernant, les sécessionnistes tués. Une situation qui inquiète Hans de Marie Heungoup. Il estime que"le conflit prend de plus en plus la coloration d'une guerre civile où la population est prise en étau. Et à mesure que le conflit va s'inscrire dans ce registre là, le nombre de morts va sans doute décupler et les actes barbares atroces et monstrueux vont se multiplier".
Ce climat de tension compromet la rentrée scolaire dans ces deux provinces anglophones. Celle-ci a été marquée par une augmentation des exactions, dont l'enlèvement à Bafut dans Nord-Ouest le 3 septembre dernier de sept élèves et d'un chef d'établissement par des hommes armés qui ont été tous libérés.