Et si Huawei était au service de la Chine
19 décembre 2018L'Allemagne a accumulé du retard par rapport à ses voisins européens pour ce qui est de l'internet à haut débit. Mais les discussions se concentrent la plupart du temps sur l'étendue de la zone de couverture et sur les coûts de connexion, plutôt que sur la sécurisation des données et des centres qui les collectent. Pourtant, depuis quelques semaines, les activités du géant chinois Huawei attirent l'attention et suscitent une méfiance croissante.
Huawei n'est pas seulement le deuxième fabriquant de smartphones au monde. L'entreprise produit aussi des techniques de commande pour les nœuds de distribution internet et les centres informatiques.
Protéger les données personnelles
Ces systèmes facilitent la communication et la transmission des données mais les ingénieurs en informatique et les services de renseignement le savent depuis longtemps : ils sont aussi vulnérables.
Il faut donc être certain de la fiabilité des entreprises qui les construisent. C'est pour cela que les Etats-Unis excluent l'entreprise chinoise Huawei des appels d'offres de marchés publics. Ce en quoi ils ont récemment été rejoints par l'Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Roger Bradbury, de l'Université Nationale d'Australie, dans la capitale, Canberra, explique d'où vient la méfiance:
"Le parti communiste chinois a le pouvoir de faire des lois d'un simple trait de plume. Les entreprises du pays doivent alors s'y tenir. Il est impensable qu'une entreprise chinoise ne suive pas la politique du gouvernement."
Aucune preuve tangible d'espionnage
Pour l'heure, aucune preuve de cyber-sabotage par la Chine n'a été publiée, d'où la réaction du porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.
Lu Kang est en colère de voir une entreprise si performante que Huawei frappée d'ostracisme dans plusieurs Etats étrangers. Il reproche au gouvernement australien de tout faire "pour mettre en place des barrières commerciales artificielles et discriminantes. Nous réclamons à l'Australie de mettre de côté l'idéologie et les préjugés et de permettre un accès égal au marché aux entreprises chinoises."
Le Japon et la Grande-Bretagne sont aussi en train de revoir leurs contrats avec Huawei. La République tchèque met en garde contre une possible menace de ce groupe pour la sécurité européenne.
En Allemagne, une discussion a cours du fait de la forte implantation de Huawei dans la téléphonie mobile.
Mais il n'est pas question pour le moment pour l'Agence allemande de cyber-sécurité (BSI) de renoncer aux services de l'entreprise et à ses équipements 5G. Le BSI élabore d'ailleurs un laboratoire sur la sécurité informatique en coopération avec Huawei.