Ferguson relance le débat sur le racisme aux Etats-Unis
26 novembre 2014Après trois mois de délibérations, un grand jury avait conclu lundi que le policier Darren Wilson qui avait tiré douze fois sur Michael Brown avait agi en légitime défense. Mardi soir, 2.200 militaires de la Garde nationale avaient été déployés dans cette ville de 21.000 habitants pour empêcher incendies et pillages, comme cela avai été le cas la nuit précédente. Ferguson fait la Une des journaux allemands ce mercredi.Des photos grand format montrant policiers et manifestants devant une coulisse en flammes ou dans des nuages de gaz lacrymogènes illustrent les premières pages de la plupart des quotidiens allemands.
"Les images de la ville en feu sont bouleversantes ", souligne le journal Reutlinger Generalanzeiger : "Elles sont le symbole d'une politique ratée. Dans des régions comme Ferguson, l'Amérique ressemble à un état d'Apartheid."
"Le caractère systématique des évènements à Ferguson fait mal, écrit le quotidien Die Welt. L'abandon des poursuites judiciaires a immédiatement été suivi par les émeutes motivées par la soif de vengeance dans une ville où vivent 70 % de Noirs. Mais, relève le journal, tandis qu'en général à l'étranger, on ne se montre guère surpris, les Américains, eux, semblent à nouveau choqués. Comment de telles choses peuvent-elles se passer, s'interrogent-ils, dans le pays modèle de la démocratie pour laquelle le monde entier les envie ? "
Barack Obama est monté au créneau
La décision du grand jury a déçu une grande partie de l'opinion publique et avant tout la population noire. Le président américain a condamné les violences, pillages et incendies à Ferguson. "Il existe des moyens constructifs d'exprimer ses frustrations", a déclaré Barack Obama. Il a toutefois reconnu qu'il existe, au sein de nombreuses communautés, le sentiment que "la loi n'est pas toujours appliquée de la même manière et de façon équitable"."Il n'y a pas de justification pour la violence contre une décision de la justice d'un Etat de Droit, estime également le quotidien de Cologne, Kölner Stadt Anzeiger. Mais de la même manière, il n'y a pas de réponse convaincante à la question de savoir pourquoi la mort de Michael Brown, un adolescent de 18 ans ne vaut pas au moins une inculpation ! Pourquoi le policier a-t-il tiré 12 fois sur un adolescent désarmé, s'il s'agissait de légitime défense? Cette question aurait dû être pour le moins évoquée dans un procès public! „ s'indigne le journal.
Armes à la ceinture et racisme dans la tête
Selon la taz, die Tageszeitung de Berlin : "la société américaine est d'un côté plus sensible au racisme quotidien que la société allemande - mais là-bas, le racisme a des conséquences encore plus fatales qu'ici. L'élection du premier président noir avec Barack Obama n'y a rien changé, constate la taz. Tous les cas- de mieux en mieux documentés- de violence policière contre des Noirs au cours des dernières années ont ramené la population noire à la réalité, loin de l'enthousiasme de la nuit de victoire du scrutin présidentiel de 2008. Le racisme aux Etats- Unis, ce n'est plus le Ku-Klux-Klan ou une législation discriminatoire, mais le racisme est dans les têtes, mêmes dans celles de ceux qui se considèrent ne pas être racistes. Et l'éditorialiste de conclure: accouplé de cette affection insensée pour les armes, ce mélange est mortel !