Des ONG congolaises réclament les 150 millions de Glencore
26 novembre 2024"Rendre au Congo ce qui est au Congo". Voilà le titre d’une note d’analyse publiée au mois d’octobre par le consortium d’organisations nationales et internationales qui luttent contre la corruption. Dans ce document, l’ONG "Le Congo n’est pas à vendre" estime que les personnes qui ont pâti de la corruption dont l’entreprise Glencore a été reconnue coupable, ce sont les Congolais.
D’ailleurs, la justice suisse a condamné l’entreprise Glencore à payer deux millions d’amende à la justice, mais aussi 150 millions de dollars américains de frais compensatoires pour avoir profité de la corruption.
Pour rappel, la société suisse Glencore a été condamnée pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires permettant de prévenir la corruption liée à l'acquisition de parts dans deux entreprises minières congolaises, (Mutanda et Kansuki) par l'homme d'affaires israélien Dan Gertler. Les faits remontent à 2011.
Jean-Claude Mputu, porte-parole de l’ONG "Le Congo n’est pas à vendre", revient sur le cœur du problème :
"Selon la loi suisse qui a mis en place cette loi, l’argent des frais de compensation ne peut être partagé qu’avec des pays qui ont collaboré à la procédure. En cas d’espèce, le Congo avait refusé de collaborer avec la justice suisse et donc la Suisse doit garder la totalité de cet argent, ce que nous estimons être impossible, injuste et éthiquement condamnable. Voilà pourquoi, nous sommes allés en Suisse ; pour dire aux autorités suisses que vous ne pouvez pas moralement et éthiquement garder cet argent. Trouvez d’autres mécanismes en dehors de la loi pour rendre cet argent aux victimes et au peuple congolais."
Quid des victimes?
Freddy Kasongo de l’Observatoire d'Etudes et d'Appui à la Responsabilité Sociétale et Environnementale (OAERSE) était également présent en Suisse, il insiste sur le droit à la réparation des victimes.
"Pour nous, les victimes sont les communautés qui sont impactés par ce projet minier qui existe jusqu’a aujourd’hui dans le Lualaba. Les victimes sont les agents de la Gécamines qui a cédé ses parts minoritaires, privant ainsi indirectement l’entreprise publique des ressources pouvant subvenir aux besoins sociaux des agents de l’entreprise et même aux besoins de redressement de l’entreprise publique."
Jean Claude Mputu pointe du doigt aussi l’absence de volonté politique des autorités congolaises et suisses.
C’est pourquoi les acteurs de la société civile congolaise multiplient les rencontres avec les autorités suisses. Plusieurs organisations prévoient dans les prochains jours de prendre le peuple suisse à témoin pour dénoncer le comportement peu éthique de son gouvernement.