A Goma, la population redoute une offensive du M23
13 janvier 2025Depuis la multiplication des offensives militaires dans l'est de la République Démocratique du Congo par les rebelles du M23 d'un côté et l'armée congolaise de l'autre, des inquiétudes s'installent au sein de la population de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
"Certes, je ne souhaite pas que les rebelles du M23 parviennent à prendre le contrôle de la ville de Goma car d'ailleurs je ne pense pas qu'ils en soient capables, mais si par hasard cela arrive, nous n'aurons malheureusement pas de lieu de refuge", explique ainsi un habitant.
De nombreux habitants de Goma se disent, comme Salibaya Sarah, confiants en leur armée nationale. Mais ils se posent des questions sur ce qu'il faudra faire si les rebelles du M23 arrivaient à prendre le contrôle de la ville.
"Nous n'avons pas d'alternative car le Rwanda qui est notre voisin direct ici où nous pouvons nous réfugier, c'est le même pays avec lequel nous sommes en conflit, estime-t-elle. Je ne me prépare d'aucune manière à une arrivée imminente du M23 à Goma".
Conditions de vie des plus en plus précaires
Les rebelles du M23 ont avancé vers les groupements de Kibumba en territoire de Nyiragongo et Kamuronza dans le territoire de Masisi s'approchant ainsi de la ville de Goma.
Dans la ville, les conditions de vie se sont détériorées. Pour Espoir Muhinuka, jeune activite à Goma, l'arrivée du M23 pourrait être prise pour un mal nécessaire si le gouvernement de Kinshasa ne prend pas vite des mesures contraignantes.
Pour lui, "si Goma tombe, les Rwandais du M23/RDF auront déjà légitimé leur combat. Comme vous le savez, ils ont tout mais ils n'ont jamais eu le soutien de la population. Maintenant, s'ils parvenaient à rouvrir toutes les routes qui mènent à Goma, ils seraient considérés par la population comme leur Moïse. C'est pourquoi nous disons toujours au régime de Félix Tshisekedi de tout faire pour que Goma ne puisse pas tomber".
L'importance stratégique de l'aéroport de Goma
Pecos Kulihoshi, défenseur des droits humains, craint que "si Goma se retrouvait entre les mains du M23, il y aurait plus de radicalisations des groupes armés, surtout ceux des volontaires pour la défense de la patrie qu'on appelle Wazalendo, qui pensent qu'ils pourraient à leur tour lancer des attaques au Rwanda. Cela compliquerait plus la situation dans une partie de la RDC comme dans l'une du Rwanda. Au-delà des catastrophes humanitaires, cela mettrait la question de la paix en péril puisque la donne pourrait automatiquement changer."
Le 27 décembre dernier, le M23 a révélé son intention d'attaquer les villes de Goma et Bukavu, afin de prendre contrôle des aéroports d'où l'aviation militaire congolaise décolle pour attaquer ses positions.