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Guinée: le front sociopolitique veut la fin de la transition

30 décembre 2024

En Guinée, c’est théoriquement ce mardi 31 décembre que la transition militaire entamée le 5 septembre 2021 devrait prendre fin, selon un compromis trouvé entre la junte au pouvoir et la Cédéao.

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Mamadi Doumbouya
Depuis le prise du pouvoir par la force, le 5 septembre 2021, le pouvoir militaire promet des élections libres et transparentes aux GuinéensImage : Sunday Alamba/AP/picture-alliance

Une date qui ne sera pas tenable à moins de 48 heures de l’expiration de cet accord et, pour l’instant, aucun calendrier électoral n’est disponible.

La prolongation de la transition est dénoncée par l’opposition guinéenne, qui y voit une confiscation de pouvoir par les militaires du CNRD. Ainsi, les Forces vives de Guinée comptent se faire entendre en organisant des manifestations de rue, à Conakry, à partir du 6 janvier prochain, affirmant qu’elles ne reconnaîtront plus le pouvoir au-delà du 31 décembre 2024. 

Promesses non tenues

En effet, trois ans après la prise du pouvoir par les militaires, aucune promesse pour un retour à l’ordre constitutionnel n’a été tenue, ni l'éventualité du transfert du pouvoir à un civil élu, dénonce le vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée, le parti de Cellou Dalein Diallo.

Pour Kalémodou Yansané, les militaires ne veulent pas quitter le pouvoir. «La transition ne finira pas. On n'a pas fait ce qu'on devait faire. Ça, c'est une question qui est trop simple. Elle ne finira pas parce qu'on n'a pas fait ce qu'on devait faire depuis trois ans. Les premières déclarations et les engagements qui ont été pris étaient encourageants", estime ce membre de l'opposition. 

"Mais quelque temps après, on a commencé à douter, et aujourd'hui nous doutons totalement, puisqu'on est sûr maintenant que la transition ne prendra pas fin . On ne pourra pas faire toutes les élections qui sont prévues. On ne peut pas comprendre qu'après trois ans, sur 10 activités qui étaient programmées, une seule ne soit pas faite. Ça, c'est quand même terrible."
 

Ecoutez les explications de Mohamed Touré

Donner du temps aux militaires ?

Le président du parti de l’Alliance pour le changement et le progrès, Ben Youssouf Keita, estime pour sa part qu’il faut donner du temps à la junte pour, dit-il, bien conduire la transition à sa fin. 

"Nous pensons qu'il fallait donner le temps au temps. Nous avons vécu trois transitions. Nous sommes en 3e. Il faut que ça soit la dernière, et pour cette raison, elle ne doit pas être bâclée, et pour cette raison, on ne doit pas accepter quelque imposition que ce soit de l'étranger. Cette transition est venue suite à une situation qu'on pourrait dire difficile pour les Guinéens", rappelle le président de l'ACP. 

"Donnons le temps à ceux qui ont pris le pouvoir aujourd'hui pour nous sortir de ce que nous étions afin que les Guinéens vivent maintenant la vraie ère de la démocratie. Ça ne peut pas se faire dans la précipitation. Vous savez, dans le monde actuel, rien ne peut se faire sans argent."
 
Un avis que ne partage pas le professeur Gayo Diallo, qui se dit inquiet de l'avenir collectif des Guinéens. "Que l'attitude de Mamadi Doumbouya symbolise finalement le parcours masqué du CNRD - c'est-à-dire que vous avez quand même une incarnation à la fois d'un pouvoir qui est cagoulé, donc qui avance masqué au sens propre comme au sens figuré. Ça, on le voit bien. Et le fait de ne pas s'exprimer, de laisser d'autres, de seconds couteaux en particulier, s'exprimer-. Évidemment, tout ça ne trompe personne", pose l'analyste.

Arrestations arbitraires  

À la confiscation du pouvoir s’ajoutent les arrestations et autres enlèvements devenus récurrents dans le pays. Ainsi, des dizaines de personnalités de la société civile et des partis politiques guinéens exigent la libération immédiate de l’opposant Aliou Bah interpellé jeudi dernier. Le chef du Mouvement démocratique libéral (MoDel) est la dernière en date d'une longue série dans le cadre des sévères restrictions des libertés imposées par la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya.

C’est donc dans ce contexte politique tendu que le gouvernement se propose d’ouvrir le dialogue politique à travers le Premier ministre Bah Oury, pour la mise en place d’un chronogramme inclusif de la transition.

Skyline de Conakry
Mohamed Touré Correspondant en Guinée pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais