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De la rue à la vie active, l’histoire de Kolo Silué

5 avril 2023

L’Ivoirien Kolo Silué a connu une enfance difficile et s’est retrouvé à vivre dans la rue. Aujourd’hui, il a une famille et occupe un emploi stable.

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Un carrefour à Abidjan
Le quotidien de Kolo Silué a été dicté par le besoin de trouver de quoi mangerImage : Katrin Gänsler/DW

En Côte d'Ivoire, Kolo Silué, 34 ans, a connu une enfance difficile après le décès de son père. Il a connu la vie dans la rue, a mangé les restes des clients dans les maquis, et à dormi dehors. Mais grâce à la générosité de personnes de bonne volonté et sa détermination à réussir, Kolo Silué est devenu comptable à la pharmacie du Nord à Korhogo, une ville située à plus de 600 kilomètres d’Abidjan. Voici son histoire :

Très tôt, à l’âge six ans, il perd son père et est pris en charge par l’un de ses oncles qui va l’inscrire à l’école dans la ville de Divo, dans le centre du pays. 

Revenu à Korhogo, sa ville natale, pour les vacances scolaires, le petit Kolo refuse de retourner à Divo pour ses études

C’est à Korhogo qu’il sera ensuite accueilli par un autre oncle qui est alors vigile au centre de l’Association nationale d’aide à l’enfance en danger (Anaed). Mais encore une fois, le mauvais sort va s’abattre sur Kolo Silué. 

Ecoutez le reportage à Korhogo...

"Je trainais au village, l’oncle en question qui m’avait mis à l’école, était gardien au centre Anaed. Mais pendant la rébellion de 2002, il a eu une maladie et il est décédé. Donc j’étais là et je n’allais plus à l’école", se souvient-t-il. 

Trouver de l’argent 

Mais quelque temps après le décès de son oncle, Kolo est cette fois recueilli par le directeur de l’Anaed où travaillait son oncle décédé. 

Dans ce centre, Kolo Silué va se lier d’amitié avec d’autres enfants de son âge. "Pendant les week-ends, souvent il y avait des quartiers libres. On venait en ville pour se chercher, comme on le dit. On cherchait comment faire pour avoir de l’argent. Il y avait toujours des petits vols, des choses pour manger, prendre de l’argent. Les jours de marché, on allait dérober l’argent que les femmes attachent au bout de leur pagne. Puis il fallait prendre la fuite et se disperser dans la foule."

Kolo et ses amis dorment souvent sur des terrasses en ville ou sur des tables au marché. Mais un jour, l’adolescent va subir une agression qui va le pousser à quitter la rue. "On avait un ami, on marchait ensemble et puis, soudain, il s’est enfui. Des hommes m’ont alors attrapé et m’ont giflé. On m’a giflé sur la joue droite, les larmes ont coulé de l’œil gauche. Cela m’a marqué et j’ai promis de ne plus jamais les suivre. C’était la dernière fois", assure-t-il. 

Emploi de comptable 

A partir de là, Kolo Silué veut reprendre ses études jusqu’au jour où son chemin va croiser celui d’une religieuse catholique qui va l’aider à obtenir le BEPC. 

Ensuite, il va s’inscrire en comptabilité puis obtenir son BTS. Après sa formation, Kolo a fait des petits boulots avant d’avoir un poste de comptable à la pharmacie du Nord à Korhogo, où il travaille depuis bientôt trois ans.  

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Idrissa Moulaye Koné, le propriétaire de la pharmacie, explique que Kolo est devenu son homme de confiance. Pour lui, "il est aujourd’hui une pièce ouvrière de notre système de comptabilité. C’est un jeune homme dynamique vraiment digne de confiance. Je ne peux me passer de lui."

Redonner à ceux qui l’ont aidé  

Ses collègues de la pharmacie ne manquent pas non plus d’éloges à son égard. "Il est sérieux quand il s’agit de travail. Il aime quand les choses sont bien faites", raconte Mariétou Touré. 

Kolo est désormais fiancé et père d’un enfant. Il ambitionne d’ouvrir dans les prochaines années un cabinet de comptable afin de donner du travail à des jeunes diplômés.

Mais en attendant, Kolo Silué a mis en place une plateforme des anciens camarades, en vue de venir en aide aux pensionnaires du centre de l’Association d’aide à l’enfance en danger qui lui a tendu la main pendant ses moments difficiles, et qui l’a aidé à être l’homme qu’il est devenu aujourd’hui. 

Vue aérienne sur Abidjan, le pont de Cocody et le stade de football
Julien Adayé Correspondant en Côte d'Ivoire pour le programme francophone de la Deutsche Welle@AdayeJulien