La communauté turque d'Allemagne indignée
17 novembre 2011Les services de sécurité n’ont pu trouver eux-mêmes les coupables et leurs motifs. La vérité a été révélée par hasard après que deux des meurtriers d’un groupuscule d’extrême droite baptisé NSU, -"Clandestinité national-socialiste"-,se sont suicidés pour se soustraire à la justice après une attaque à main armée dans une banque. Les preuves de leurs meurtres et les armes utilisées ont été retrouvées dans leurs affaires personnelles.
La communauté turque d’Allemagne - quelque 3 millions de Turcs vivent dans le pays - est satisfaite que les coupables aient été enfin démasqués, mais est offusquée du manque d’efficacité des services de sécurité intérieurs allemands.
Le président de la communauté turque en Allemagne, Kenan Kolat, exige la mise en place d’un "Sommet contre le racisme" avec la participation de toutes les forces vives de la société : "Nous attendons un vrai combat contre le racisme, net et clair. On ne peut plus tolérer que de tels actes soient relativisés…Jusque dans un passé tout récent, de tels meurtres ont toujours été qualifiés de "cas isolés". Mais en fait, cette dernière série d’assassinats s’inscrit dans une plus longue série: Hoyerswerda, Mölln, Solingen et Rostock, et maintenant il faut combattre efficacement cette criminalité raciste."
Hoyerswerda, Mölln, Solingen et Rostock
Les noms de ces villes dans l’est comme dans l’ouest de l’Allemagne, demeurent entâchés par des attaques racistes et meurtrières contre des étrangers dans les années 90. Le président de la République Christian Wulff a fait part de son indignation :
"Personne ne doit être discriminé ou privilégié en raison de son sexe, de son origine, de sa race, de sa langue, de son pays, de sa foi, de ses convictions religieuses ou politiques. Personne ne doit être discriminé en raison d’un handicap : c’est l’article 3, paragraphe 3 de notre Loi Fondamentale, notre constitution et ceci vaut pour chacun et chacune dans notre pays, chacun et chacune doit toujours pouvoir compter là-dessus dans notre pays !"
Le président allemand recevra dans les prochains jours les familles des victimes, une rencontre à laquelle participeront aussi des membres du parlement et du gouvernement. A Berlin le ministre de l'Intérieur, Hans -Peter Friedrich a annoncé la mise en place d'un fichier centralisé sur les activistes de l’extrême – droite et les néonazis jugés dangereux. Par ailleurs, une enquête a été lancée sur les éventuels manquements des services de renseignement intérieurs.
Une réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur au niveau fédéral et régional est prévue vendredi pour accélérer les investigations afin de déterminer les circonstances qui ont permis aux criminels néo-nazis d'agir en toute impunité pendant plusieurs années.
L'affaire a relancé le débat sur une possible interdiction du parti néonazi NPD. Berlin étudie de nouveau la possibilité de faire interdire ce mouvement, après une première tentative en 2003, tentative alors invalidée par la Cour constitutionnelle.
Auteur: Philippe Pognan
Edition: Cécile Leclerc