"La douleur est encore là" pour les ex-otages de Boko Haram
Près de 300 femmes et enfants libérés des mains de Boko Haram par l'armée nigériane vivent maintenant dans un camp de réfugiés, près de Yola. Leur souffrance risque pourtant de durer encore longtemps.
Le rire perdu
"On le remarque très vite: ici, les enfants rient rarement", souligne un travailleur humanitaire au camp de Malkhohi, près de la ville nigériane de Yola. Près de 3 000 personnes libérées des griffes de Boko Haram ont trouvé refuge dans ce camp de rescapés. Environ la moitié d'entre elles ont moins de 18 ans. Dans le camp, un enfant sur trois est sous-alimenté.
Les premiers jours dans le camp
Lami Musa est la mère de la plus jeune habitante du camp. Elle a donné naissance à une petite fille la veille de l'arrivée des soldats qui les ont libérées. Durant l'opération de sauvetage, les terroristes ont tué plusieurs femmes. "J´ai serré ma fille tout contre moi et je me suis penchée sur elle", se rappelle la jeune maman.
Un enfant perdu pendant la captivité
Halima Hawu a eu moins de chance. L'un de ses trois enfants a été écrasé pendant que les terroristes les déplaçaient. Un soldat nigérian lui a tiré dans la jambe pendant l'opération de libération alors que des membres de Boko Haram se servaient de femmes comme boucliers humains. "Ça me fait encore mal, mais le pire est peut-être derrière nous", espère-t-elle.
À peine à manger pour les enfants
Le jeune Babakaka, trois ans, a dû rester six mois entre les mains de Boko Haram. D'anciens otages détenus avec lui racontent que les enfants ne recevaient que de manière irrégulière un peu de maïs. Le petit garçon était à deux doigts de mourir de faim lorsque les soldats l'ont libéré. Babakaka reste aujourd´hui encore très affaibli. Il n'a pas encore reçu l'aide médicale adaptée.
Une survie difficile
La mère de Babakaka été envoyée avec environ vingt autres blessés graves à l´hôpital de Yola. La personne qui la précédait lors de la fuite a marché sur une mine. L´explosion a été si puissante que la mère de Babakaka a été grièvement blessée et qu´elle a perdu le nourrisson qu´elle tenait contre elle.
Des vieux t-shirts des pays occidentaux
À part quelques dons de vêtements, aucune aide internationale n'est encore arrivée pour les femmes et les enfants du camp de Malkohi. On y manque donc de tout, et surtout de personnel médical. Pas de trace du médecin qui devrait normalement être de service dans le camp. Le centre de santé tourne seulement grâce à deux infirmières et à une sage-femme.
Le travail des bénévoles
"Je ne comprends pas pourquoi notre agence nationale de gestion de crise ne fait pas plus", se plaint la travailleuse sociale Turai Kadir (sur la photo). Elle a pris sur elle de trouver un médecin pour les enfants souffrants des plus sévères cas de sous-alimentation. C'est normalement le rôle de la NEMA, l'agence nationale de gestion de crise, qui est complètement débordée.
"Une résistance incroyable"
Regina Musa est rentrée seulement depuis peu des États-Unis pour enseigner la psychologie à l'université de Yola. En ce moment, elle aide à la prise en charge psychologique des femmes et des enfants. "Les femmes ont fait preuve d'une résistance incroyable", dit-elle. Beaucoup se sont occupées d´enfants qui n'étaient pas les leurs. "Nous devons leur faire voir ce qu'elles ont accompli".