La Guinée en attente de justice
Sept ans après le massacre du 28 septembre 2009, la FIDH et l’OGDH ont souhaité, à travers l'objectif de Tommy Trenchard, rendre hommage aux milliers de victimes de la violence d’État en Guinée, en attente de justice.
Anonyme
"J’étais au stade le 28 septembre. Les militaires m’ont arrêtée et m’ont envoyée au camp Alpha Yaya Diallo (le principal camp militaire de Conakry), où j’ai été maltraitée pendant 24 heures avec d’autres jeunes femmes. Je veux que justice soit rendue car l’impunité des militaires en Guinée continue et l’État ne garantit pas la sécurité des citoyens".
Mamadou Saliou Diallo
"On m’a frappé à la tête et quelqu’un m’a poignardé le pied. Près de l’entrée, je suis tombé sur un cadavre et j’ai été piétiné par la foule. Je pouvais entendre les tirs au-dessus de moi, puis je me suis évanoui. Médecins Sans Frontières m’a emmené à la morgue, pensant que j’étais mort, mais j’ai vomi du sang à l’entrée de la morgue. Ils m’ont conduit en urgence à l’hôpital".
Mariama Thionti Bah
Photographiée au stade national où elle a été attaquée avec une barre en fer par les forces de sécurité et a eu sa main cassée : " Deux policiers m’ont frappée avec une barre en fer et m’ont blessée à la main. Après cela, j’ai été voir un docteur pour recevoir un traitement, mais mon mari a su que j’avais été au stade, et il m’a abandonnée. Ce jour-là ma vie a été détruite".
Ibrahima Diallo
"J’étais dans les tribunes. A l’entrée, les militaires étranglaient des gens à mort. Certains les poignardaient. Un des militaires m’a attrapé par le cou, je suis tombé et me suis fait piétiner. Je ne peux plus rester assis trop longtemps. J’ai des douleurs dans le bas du corps. J’étais tailleur mais je ne peux plus travailler. Ce que je veux c’est que justice soit faite pour les victimes".
Aissatou Lamarana Barry
Photographiée à l’extérieur du stade national où elle a été violée par des membres des forces de sécurité :" J’ai été violée derrière le stade. Depuis ce jour, ma vie n’a plus de sens. J’allaitais et mon mari m’a abandonnée. Mes enfants ne peuvent pas aller à l’école et je ne peux pas payer mon loyer".
Mamadou Taslima Diallo
Photographié à l’entrée du stade national où il a été frappé par la police: "Ils m’ont frappé à la tête et il a fallu cinq jours avant que je puisse entendre de nouveau de l’oreille droite. Je suis très en colère que justice ne soit pas faite et que les coupables soient libres".