La Turquie, un état de droit?
7 novembre 2016La situation en Turquie et la politique du président Recep Tayyip Erdogan font l’objet de nombreux commentaires dans les pages internationales des journaux allemands ce lundi.
"Le président turc Erdogan perd toute modération, vis à vis des voix critiques dans son propre pays comme dans ses rapports avec ses partenaires occidentaux!" C’est du moins le constat du quotidien régional Stuttgarter Nachrichten. Erdogan qualifie l’Allemagne de 'refuge pour terroristes': un tel reproche de la part d’un homme dont le pays a longtemps laissé agir la milice terroriste du groupe Etat Islamique, lui assurant même la liberté de mouvement à travers le pays vers la Syrie ! En arrêtant d'importants représentants de la minorité kurde, Erdogan verse encore un peu plus d’huile sur le feu d’un conflit qui menace de déchirer la Turquie en profondeur. Quant aux opérations militaires unilatérales d’Erdogan en Syrie et en Irak, elles entraînent le pays encore plus profondément dans le bourbier des guerres civiles du Proche-Orient", conclut l’éditorialiste...
"Rien n’est plus absurde que l’idée de pouvoir échanger en toute cordialité avec le président Erdogan sur les conditions constitutionnelles d’une démocratie parlementaire!", souligne la Frankfurter Rundschau: "Malgré tout, il faut rester en contact. Les défenseurs de la société civile turque, soumis à des pressions de plus en plus fortes, doivent savoir que l’on ne les laisse pas seuls face à ce despote. D'autant plus que malgré toutes ses atteintes aux principes démocratiques, Erdogan jouit encore du soutien d’une partie non négligeable de la population. L’Allemagne et les autres états de l’UE ne doivent pas donner plus longtemps l’impression qu’ils sont prêts à sacrifier les valeurs et principes constitutionnels au profit d’intérêts à court terme, tel que l’accord sur l’accueil de migrants", avertit le quotidien de Francfort.
"Que va -t-il rester du pluralisme?", s’interroge la Süddeutsche Zeitung face aux répressions auxquelles est soumis le parti d’opposition pro-kurde HDP: "Seulement Erdogan? C’est à redouter. Persécuté, le HDP menace maintenant de quitter le Parlement; cela aurait pour conséquence que la politique se fasse alors dans la rue, - avec des conséquences imprévisibles pour le pays tout entier. Le seul organe qui peut unir la Turquie, c'est le Parlement à Ankara, estime la Süddeutsche. Cependant, critique l’éditorialiste, les partis turcs se sont d’une certaine manière eux-mêmes soumis à Erdogan."