Turquie, Syrie et migrants dans la presse allemande
17 juillet 2017 "Cette Turquie est perdue" titre l'éditorialiste de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il souligne que depuis hier, journée de commémoration du putsch manqué voilà un an, une chose est claire : c'est que la Turquie du président Erdogan ne fait pas partie de l'Europe, parce que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a parlé de victoire de la démocratie, mais il a promis d'"arracher la tête des traîtres" en réintroduisant la peine de mort.
Selon la FAZ, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, a certes exhorté la Turquie à respecter les valeurs démocratiques, mais déclarer que la main de l'Europe reste tendue à la Turquie si elle veut entrer un jour dans l'Union européenne, serait un signe d'impuissance.
L'éditorialiste de la Süddeutsche Zeitung estime, elle, que la tentative de coup d'Etat était dès le début vouée à l'échec, pas seulement parce que les insurgés s'y sont pris comme des idiots. Mais ce qui a été un élément déterminant, c'est qu'une majorité de Turcs savait déjà d'amère expérience ce qui arrive quand les militaires s'emparent du pouvoir : à savoir la torture, la prison, la mort.
Voilà pourquoi ils ont fait front contre les blindés sur le pont du Bosphore, un courage qui a coûté la vie à 249 personnes, écrit le journal, alors que d'ordinaire, par de chaudes nuits d'été, les party battent leur plein le vendredi soir à Istanbul, tandis que d'autres se relaxent en famille.
Un énième échec sur la Syrie
La Tageszeitung s'intéresse à la Syrie après ce qu'elle qualifie "d'échec total" du 7ème round des pourparlers de paix, sous l'égide de l'ONU à Genève.
Le journal souligne que la recherche d'une solution au conflit syrien par des discussions directes entre les parties prenantes a échoué. Mais le commentateur de la Tageszeitung espère que cet échec mettra fin à l'hyprocrisie qui a marqué ces discussions, parce que tout en décidant de telles négociations, les puissances extérieures que sont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie Saoudite, l'Iran, le Qatar et la Turquie, continuaient à soutenir les parties en conflit sur les plans militaire, financier et logistique.
La taz admet toutefois que même si l'on arrêtait totalement ce soutien, les Syriens ne pourraient pas se mettre d'accord sur une solution concernant l'avenir de leur pays, au vu de ce qui s'est passé ces six dernières années.
Du coup, le journal estime que l'initiative du président français, Emmanuel Macron, qui veut bâtir "un groupe de contact" pour préparer l'après-conflit en Syrie, va dans le bon sens. Mais l'avenir du pays ne pourra se bâtir que si tous les citoyens obtiennent les mêmes droits, indépendamment de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique, prévient la Tageszeitung.
L'Italie plus proche de l'Afrique
Une caricature dans la Süddeutsche Zeitung remodèle la carte de l'Afrique. Il faut savoir que l'Italie fait face à un afflux de migrants sans précédent. Le pays en a accueilli plus d'un demi-million venus par la mer depuis 2014 dont 180.000, un nombre record, l'an passé.
Le caricaturiste de la Süddeutsche Zeitung trouve apparemment qu'il serait plus simple de rattacher carrément l'Italie au continent africain. Sur son dessin, il a détaché la péninsule italienne de l'Europe et l'a encastrée entre la Tunisie et la Lybie. À côté du drapeau européen qui flotte sur le reste de l'Europe, il est écrit : "Le problème des réfugiés est résolu !" - Seulement dommage que l'on ne puisse pas régler les problèmes d'un coup de crayon, surtout quand on sait que plus de 2.000 personnes sont mortes ou portées disparues depuis le début de l'année en tentant de traverser la Méditerranée, selon le HCR !