Le Covid-19, un front en plus pour les régions en crise
6 mai 2020Ils sont bien présents, les djihadistes, malgré la crise sanitaire. La pandémie de Covid-19 semble leur offrir une occasion pour affaiblir davantage les pouvoirs.
Rien que le week-end dernier, deux attaques djihadistes ont été rapportées dans le Sahel. L'une, dimanche (03.05.2020), contre l'armée du Niger, a été revendiquée par le groupe "Etat islamique en Afrique de l'Ouest" (Iswap).
Une vidéo de propagande diffusée par cette organisation dérivée de Boko Haram, montre de nombreux insurgés s'emparer d'un camp de l'armée nigérienne, mettant la main sur des véhicules et des stocks d'armements. Le gouvernement a publié un bilan faisant état de deux morts, trois blessés et du matériel brûlé.
L'autre attaque est survenue la veille, samedi (02.05.2020) visant des soldats de l'armée burkinabè et s'est soldée par une trentaine de blessés et au moins un mort selon le gouvernement.
Au mois d'avril, d'autres attaques étaient aussi signalées.
"Malheureusement, la pandémie de Covid-19 n'a pas contribué à réduire les attaques terroristes. Nous avons enregistré une augmentation des attaques dans la région du Sahel, dans le bassin du Lac Tchad et aussi en Somalie", admet Fred Gateretse-Ngoga, chef du département "Prévention des conflits" de l'Union africaine.
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La pandémie de Covid-19 expose davantage des pays déjà faibles
Plusieurs pays africains sont plus que jamais exposés aux pressions de groupes insurgés. Le contrôle de l'évolution du virus détourne l'attention et les moyens des Etats. Tandis que les missions de paix, soumises à des mesures de restrictions, ne fonctionnent pas à plein régime.
Ainsi l'Onu a dû reporter le déploiement de trois unités de police destiné à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud.
En République démocratique du Congo (RDC), la mission de stabilisation, la Monusco, a revu son rythme de rotation du personnel.
De l'avis de Benno Müchler, représentant résident (RDC) de la fondation allemande Konrad Adenauer, "les missions de paix de l'Onu en général et pas seulement la Monusco ont rallongé leur temps de rotation de personnel. Sur plusieurs sites ce n'est plus trois mois mais six mois. C'est pour éviter le risque que des mouvements de personnel entraînent une importation ou une exportation du virus".
Selon Paul Simon Handy, expert de l'Institut d'études de sécurité de Pretoria, la crise sanitaire actuelle aggrave les menaces déjà existantes sur le continent. Il insiste sur les secteurs de la paix et la sécurité.
Le Haut-Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) partage ces mêmes préoccupations. Alors que la situation reste critique pour quelque 25 millions de réfugiés en Afrique, les causes de nouveaux départs sont toujours présentes, prévient le HCR.