Le torchon brûle entre la Syrie et la Turquie
14 novembre 2011Drapeau turc brûlé, représentations attaquées à Alep et Lataquié... Rien ne va plus entre la Syrie et la Turquie. Certes, le régime syrien a présenté ses excuses à Ankara après les attaques de ce week-end mais le mal semble fait.
Le gouvernement turc a réagi avec fermeté à ces événements. Il a rapratrié son personnel non essentiel et les familles de ses diplomates. Il a aussi exigé des garanties de la part de Bachar al-Assad sur la sécurité de ses diplomates encore en place. Ankara a aussi sévèrement condamné ces attaques qui ont été perpétrées par des manifestants pro-Assad suite à la décision de la Ligue arabe de suspendre la participation syrienne.
Assad a perdu un allié
La Turquie ne fait pas partie de la Ligue arabe mais elle a soutenu cette décision. Ses relations avec Damas se sont par ailleurs tellement détériorées ces dernières semaines qu’elle fait désormais figure de bouc émissaire.
Jusqu’en août, le gouvernement turc a tenté de jouer les médiateurs dans cette crise syrienne… en vain. Depuis, le ton monte envers Bachar al-Assad. La Turquie a imposé un embargo sur les armes et elle a permis à l’opposition syrienne de s’organiser à Istanbul et Antalya. Les représentants du Conseil national syrien ont d’ailleurs été reçus à deux reprises en un mois, la dernière rencontre remonte à hier soir. Peu de détails ont filtré autour de cette rencontre entre officiels turcs et opposition syrienne. On sait seulement que le Conseil national syrien a demandé l’ouverture d’une représentation officielle à Ankara.
Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a aussi annoncé le mois dernier vouloir imposer des sanctions économiques mais en pratique, rien de concret n'a encore été fait, notamment parce que les entrepreneurs turcs freinent des quatre fers.
La question kurde divise
Autre dossier de plus en plus brûlant entre Ankara et Damas : la question kurde. Les Kurdes sont plus de 13 millions en Turquie et près de deux millions en Syrie. Au printemps, Bachar al-Assad a notamment autorisé un leader kurde à rentrer d’exil. Son parti est proche du PKK, ce mouvement armé qui est en guerre contre la Turquie depuis 30 ans.
Ces mouvements kurdes côté syrien inquiètent Ankara qui mène actuellement une vaste offensive militaire contre le PKK dans le nord de l’Irak. On se souvient aussi que la Syrie avait abrité le chef du PKK, Abdullah Öcalan, dans les années 1990.
Le terrain est donc miné et le président turc Abdullah Gul a appelé Damas la semaine dernière à ne pas jouer avec le feu. Il a averti le régime syrien des conséquences de telles manœuvres sur la question kurde.
Auteur : Delphine Nerbollier
Edition : Georges Ibrahim Tounkara, Anne Le Touzé