L'Europe désunie sur le mariage homosexuel
10 avril 2013C'était une promesse de campagne du candidat Hollande, le président la réalise. Mais il aura fallu plus de quinze jours de discussions et l'examen de plus de 5.000 amendements pour que le texte soit adopté en première lecture, le 12 février dernier par l'Assemblée nationale.
Au cours de la nuit du 9 au 10 avril, le vote au Sénat est intervenu après un marathon de plus de 10 heures de discussions. Un processus législatif accompagné de manifestations - émaillées de violence - qui ont rassemblé quelque 100.000 personnes. Autant dire que la société française est encore profondément divisée sur le sujet.
Pas étonnant, explique Evelyne Paradis de l'Association I-LGBT-Europe pour les Lesbiennes, les Gays et les Bi- et Transexuels : « Avec la crise économique, il y a eu une tendance grandissante au retour à des valeurs conservatrices. Les gens sont très angoissés. C'est une réaction humaine. Ils reviennent à des valeurs sûres, le mariage, la famille, les enfants. »
Crispation et angoisse
Un sentiment qui explique en partie la violence des réactions en France, pays confronté à une crise matérielle, mais aussi de valeurs. Ailleurs en Europe, seuls sept pays - parmi lesquels le Danemark ou les Pays-Bas - reconnaissent le mariage homosexuel. Neuf autres pays - comme l'Allemagne - se contentent d'unions civiles, une formule juridique plus légère.
Les règles qui régissent les couples homosexuels à travers l'Europe diffèrent dans des domaines aussi importants que la fiscalité, l'héritage ou les droits des partenaires réciproques. Ce qui en fin de compte est un obstacle à la libre circulation - et libre installation - des personnes à l'intérieur de l'Union européenne.
Un principe pourtant fondateur de l'Union européenne, comme le rappellent les représentants des associations de gays et de lesbiennes, mais aussi la Commission européenne. Il faudra donc bien, à terme, unifier les législations européennes.