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Libérer la parole des victimes d’agressions sexuelles en RDC

Zanem Nety Zaidi
3 novembre 2023

Alors que les viols hantent les camps de déplacés, une organisation tente d’aider les victimes, mais aussi de sensibiliser les hommes aux droits des femmes.

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Le camp de déplacés de Rusayo, où ont été installées des centaines de tentes
Des dizaines de milliers de personnes vivent dans le camp de RusayoImage : Alexis Huguet/AFP

Avec la reprise des combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23, des affrontements qui se déroulent désormais aux abords de la ville de Goma, une nouvelle vague de quelque 200.000 déplacés a rejoint les camps situés autour de cette ville, dans l'est de la République démocratique du Congo.  

Dans le même temps, des cas de viols et de harcèlements sexuels continuent d'être rapportés dans ces camps de déplacés internes.  

Dans le seul centre de Baraka, en zone de santé de Karisimbi, une cinquantaine de cas sont pris en charge chaque semaine. Face à ces drames, des journalistes réunis au sein de l'organisation Media For Development se sont investis dans la sensibilisation auprès des femmes, mais aussi des hommes.  

Ecoutez le reportage de notre correspondant à Goma...

Sortir du silence 

Dans une pièce qui sert pour les entretiens, l'animatrice psychosociale Dina Safi reçoit madame Mapenzi*, une déplacée interne, qui a été déjà violée deux fois. 

Elle raconte que "dans le camp, nous vivons de la vente des bois de chauffage que nous allons chercher dans le parc et là, nous sommes régulièrement victimes de viols. Après que nos bourreaux nous ont laissées, nous nous rendons dans des structures sanitaires pour recevoir des soins." 

Ces femmes victimes des violences sexuelles osent désormais se rendre auprès des structures sanitaires. L'association de journalistes Media For Development les incite ainsi à s’y rendre et à parler de leur agression. 

Sensibiliser les hommes 

Mais interrogé sur le fait qu’il faudrait aussi parler aux hommes, aux bourreaux et pas toujours aux victimes, Christopher Magendo, coordinateur de cette association, affirme qu'ils sensibilisent aussi les hommes au concept de "masculinité positive". 

"Nous sommes en train de sensibiliser les déplacés, mais aussi la communauté d'accueil sur le respect des droits des femmes et aussi la lutte contre les violences basées sur le genre. Au-delà de cela, nous organisons des séances sur la masculinité positive avec les hommes. On les amène à être des hommes pacifiques, des hommes non-violents, et des hommes qui respectent les droits des femmes", explique-t-il. 

La place de la jeunesse congolaise dans le processus électoral

Toujours plus de déplacés

Justin Bugingo président du comité de santé dans l'aire de santé de Baraka, explique que près de 50 victimes de viols sont reçues chaque semaine dans son centre.  

Il constate que "la réintégration des victimes et un défi majeur. Elles sont violées, arrivent ici avec des habits déchirés, et nous ne leur donnons pas de kits de dignité par manque de moyens. Cela représente un défi majeur dans l'accompagnement de ces victimes." 

Depuis l'afflux de déplacés dans les camps installés autour de la ville de Goma, la situation humanitaire est inquiétante dans cette partie de la RDC.  

Dans ce contexte sécuritaire tendu, un candidat à la députation nationale, dans le territoire de Masisi, Dogo Kalinda, a été tué mercredi soir (01.11) à Goma. Selon des informations de nos confrères d’Actualité CD, l'ancien chef du quartier Lac Vert a été abattu alors qu'il revenait d'une structure sanitaire où il était allé rendre visite à son enfant malade. 

 *Le nom a été changé pour conserver l’anonymat de la personne 

Vue aérienne de Goma
Zanem Nety Zaidi Correspondant à Goma en RDC pour le programme francophone de la Deutsche WelleZanemNety