Liberté de la presse au menu de la visite de Poutine
11 octobre 2006Cela peut paraître macabre, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, mais la mort d’Anna Politkovskaïa nuit plus au président russe que la journaliste de son vivant avec ses critiques de la guerre en Tchétchénie. Les projets ambitieux pour une coopération plus étroite entre l’Union Européenne et la Russie ne sont plus au centre des débats, désormais ce sont la liberté de la presse et les délits des forces de sécurité russes dans le nord-Caucase qui monopolisent l’attention de la visite de Vladimir Poutine en Allemagne
Pour die Welt, le fait que les discussions germano-russes d’hier aient commencé avec une minute de silence pour la journaliste assassinée Anna Politkovskaïa est un signal important. Et le fait que la chancelière Angela Merkel ait tenu à aborder ce sujet en priorité avec Vladimir Poutine, également. Beaucoup craignent de voir l’ancienne superpuissance reprendre le chemin de la dictature, poursuit le quotidien. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une inquiétude, même si on distingue des tendances autocratiques. Mais ce qui est clair aussi, c’est que Vladimir Poutine veut à tout prix que son pays joue à nouveau dans le club des grands. C’est cette ambition qui représente son point faible et Angela Merkel l’a bien compris. C’est pourquoi elle a raison de continuer à consolider les relations économiques entre les deux pays, tout en insistant sur le renforcement de la société civile.
Enfin la Süddeutsche Zeitung estime qu’Angela Merkel a mis un terme à la « poutinophilie » de l’ère Schröder et a rétabli l’équilibre dans les relations avec Moscou. Car la chancelière a ajouté des critiques à la coopération, de la distance au dialogue. L’Allemagne a besoin de l’énergie russe. La Russie a besoin de l’intercession de l’Allemagne en Europe. Dans chaque région de crise du monde, que ce soit le Proche-Orient, l’Iran ou la Corée du Nord, la Russie a son mot à dire, et cela se répercute sur les intérêts de l’Allemagne en matière de sécurité. Il n’y a donc pas d’alternative au dialogue, et il doit être d’autant plus complet – sur les marchés comme sur la liberté de la presse. Sur le gaz comme sur la Géorgie. Par rapport aux années précédentes, cela serait un progrès remarquable.