Menaces sur les élèves de Muramvya
19 septembre 2016Les élèves qui ont été emprisonnés pour avoir griffonné sur les photos du président burundais se chiffraient à onze en total, pour la seule Direction Provinciale de Muramvya. Alors que les écoles privées ont déjà rouvert les portes avant les établissements publics, ces jeunes récemment sortis de prison sont intimidés, effrayés. Madame Kankindi raconte la situation de sa nièce en cours de changement d'établissement:
"Il y a ces gens qui rôdent, les Imbonerakure. Ils lui ont demandé comment c'était en prison, elle a eu peur. Elle a dû quitter chez elle à Mwaro pour descendre à Bujumbura et nous sommes en train de lui chercher une école là-bas. A l'intérieur du pays, comme ce sont de petits centres, les Imbonerakure peuvent te faire du mal."
Des accusations injustes
Alice Irakoze est âgée de 19 ans. Elle a migré du lycée communal de Muramvya vers l'école Hope School. Elle déplore les deux derniers mois d'emprisonnement sur la base d'accusations injustes et doute de ses relations avec les enseignants de sa dernière école. Alice est aussi victime de stigmatisation de la part de ses voisins:
"J'ai eu peur, je ne peux plus cohabiter avec les anciens enseignants. Je me suis dit qu'à la moindre erreur, ils allaient se retourner contre moi et m'accuser, alors que j'étais même injustement impliquée, je ne pouvais pas y retourner. Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé, je sens que le changement d'école peut m'aider à ne plus y penser. Dans mon ancienne école, je n'aurais pas pu bien étudier, j'aurais toujours été dans l'insécurité d'être arrêtée. Dans le voisinage, certains comprennent, mais à l'école il y en a encore qui me pointent du doigt disant "c'est elle qui était en prison!" et ça me traumatise."
Les deux ont pu changer d'écoles quand d'autres n'y sont pas parvenus. Ils ont persévéré et sont restés dans leurs anciens établissements malgré les critiques, désapprouvés par certains de leurs camarades pour avoir connu la prison. Ils ne préfèrent pas témoigner.