Ouverture du procès Westgate à Nairobi
15 janvier 2014Adan Mohamed Abidkadir Adan, Mohamed Ahmed Abdi, Liban Abdullah Omar et Hussein Hassan Mustafah. Ces quatre hommes comparaissent depuis ce matin devant un tribunal de Nairobi, au Kenya. Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans l'attaque du centre commercial de Westgate, en septembre dernier. Cette attaque, revendiquée par les milices shebabs somaliennes, s'était soldée par la mort de 67 personnes. L'assaut final, lancé par les forces de sécurité kenyanes pour libérer les lieux, avait été décrié pour sa brutalité.
Un soutien indirect qu'ils nient
Les quatre hommes qui comparaissent à partir d'aujourd'hui n'ont pas directement participé à l'attaque du centre commercial le 21 septembre 2013. Ils sont suspectés d'avoir apporté un soutien logistique aux assaillants. D'ailleurs aucun des quatre membres du commando suicide envoyé par les shebabs n'a été capturé vivant.
Au terme de l'assaut de quatre jours lancé par les forces de sécurité kenyanes, les autorités de Nairobi et le FBI américain affirment que les terroristes font partie des 67 personnes tuées dans le centre commercial. Mais il n'existe aucune preuve formelle de leur décès, comme le rappelle l'analyste kenyan George Musamali.
« Quatre corps recouverts de débris ont été dégagés des décombres et autopsiés. Mais leur identité n'a pas pu être établie. Nous n'avons reçu aucune preuve ADN, donc il est inutile de continuer à spéculer sur le fait qu'il se soit agi des corps des terroristes. »
Les quatre prévenus à la barre actuellement sont d'origine somalienne. Ils auraient résidé illégalement en territoire kenyan. La justice kenyane les accuse notamment d'avoir hébergé les assaillants de Westgate, des liens qu'ils ont niés lors d'une première audition en novembre dernier. Ils plaident « non-coupables ».
Contre l'intervention kenyane en Somalie
Le seul fait établi est que les milices shebabs somaliennes avaient bien prévu d'attaquer le centre commercial de Westgate, en représailles de l'intervention kenyane en Somalie. Un témoin a raconté ce matin à la cour comment avait débuté l'attaque. Mais malgré les attentats, le président Uhuru Kenyatta ne compte pas changer de ligne politique.
« Nous sommes allés en Somalie pour aider les Somaliens à rétablir l'ordre dans leur pays. Et nous resterons là-bas jusqu'à ce que notre mission soit accomplie. »
Des forces de sécurité problématiques
Plusieurs observateurs regrettent que le procès qui vient de s'ouvrir ne soit pas l'occasion de reparler de l'assaut mené par les forces de sécurité kenyanes pour libérer le centre commercial. Pourquoi ont-elles mis une heure à arriver sur les lieux ? Pourquoi la police et l'armée se sont-elles si mal coordonnées qu'elles en sont venues à se prendre mutuellement pour cible ? Un dossier délicat quand on sait, comme le rappelle Georges Musamali, que l'appareil sécuritaire est dirigé par des proches du président. Et que le chef de l'Etat ne compte certainement pas livrer ses hommes à la justice.