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Scandale de corruption au Parlement européen

12 décembre 2022

Le Parlement européen est touché par un sérieux scandale de corruption. La vice-présidente, Eva Kaili, et plusieurs autres personnes sont sous les verrous.

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Le Parlement européen à Bruxelles
Le Parlement européen à BruxellesImage : Dwi Anoraganingrum/Geisler-Fotopress/picture alliance

C’est une affaire très embarrassante pour le Parlement européen. Un véritable séisme, disent certains. 

Une vingtaine de perquisitions ont abouti, vendredi dernier, à l’interpellation de six personnes à Bruxelles et quatre d'entre elles ont été écrouées "pour appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption". 

Cette affaire de corruption éclabousse donc la prestigieuse institution européenne.  

Au centre de ce scandale, il y a d'un côté le Qatar et de l'autre, des eurodéputés et des responsables d'ONG. 

Parmi les personnes inculpées, il y a Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen
Parmi les personnes inculpées, il y a Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européenImage : EP/REUTERS

Eva Kaili et les autres...

Parmi les personnes inculpées, il y a Eva Kaili, élue socialiste grecque, vice-présidente du Parlement européen, Francesco Giorgi, un assistant parlementaire qui est son compagnon, Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé social-démocrate italien et président de l’ONG bruxelloise Fight Impunity et Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant de l’ONG No Peace Without Justice. 

Des centaines de milliers d’euros, ainsi que des cadeaux de valeur, auraient été saisis par les enquêteurs chez Eva Kaili et Pier Antonio Panzeri. 

Tous deux sont soupçonnés de trafic d'influence au profit du Qatar, le pays où se dispute en ce moment la Coupe du monde de football, un pays régulièrement critiqué pour ses manquements aux droits humains lors de la construction des installations sportives de cette compétition. 

Eva Kaili avec le ministre du Travail du Qatar, à Doha, le 31 octobre 2022
Eva Kaili avec le ministre du Travail du Qatar, à Doha, le 31 octobre 2022Image : Twitter/Ministry of Labour/REUTERS

Influencer la politique européenne

Le Qatar est soupçonné par la justice belge, d'avoir voulu " influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, en versant des sommes d'argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants." 

 La présidente du Parlement promet de "secouer l'assemblée" et annonce l'ouverture d'une enquête interne.
Cette affaire est "honteuse et intolérable" et elle porte atteinte de manière "très grave" à la réputation du Parlement, a réagi le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni. 

Les soupçons de corruption au sein du Parlement européen sont "très graves", a estimé également la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavsky, dénonce une situation inacceptable
Le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavsky, dénonce une situation inacceptableImage : Czech Foreign Ministry

"Inacceptable"       

Le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavsky, dénonce une situation inacceptable.

"Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé. C'est absolument inacceptable et je suis heureux que la police belge soit en mesure d'agir. Je méprise cela, vous savez, dans tous les termes possibles. Bien entendu, la relation entre l'UE et le Qatar ou entre les pays européens et le Qatar doit être fondée sur un ensemble de politiques, notamment en matière de droits de l'Homme et de droit du travail", dit le chef de la diplomatie tchèque.

Pour la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, "il s'agit vraiment d'un incident incroyable qui doit maintenant être élucidé sans équivoque et avec toute la rigueur de la loi, car il en va aussi et surtout de la crédibilité de l'Europe". 

En effet, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, accusé par Bruxelles de détournements de l’argent européen au bénéfice de ses proches, s’est empressé de se moquer aujourd’hui des déboires des eurodéputés. 

Le Qatar, pour sa part, dément être impliqué dans des tentatives de corruption. "Toute allégation de mauvaise conduite de la part de l'Etat du Qatar relève d'informations gravement erronées", a affirmé samedi un responsable du gouvernement qatari. 
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle