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Inquiétudes des ONG sur le partenariat Egypte-UE

18 mars 2024

L'UE et l'Egypte viennent de conclure un accord prévoyant des prêts et des aides financières européennes pour le Caire. Mais le volet migratoire est dénoncé par plusieurs ONG.

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Le chancelier fédéral autrichien Karl Nehammer, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, le président chypriote Nikos Christodoulides, le Premier ministre Alexander De Croo et la Première ministre italienne Giorgia Meloni posent en ligne pour une photo de groupe en Egypte, à coté des drapeaux égyptien et européens.
Signe de l'importance des accords, le président chypriote, les Premiers ministres grec et italien, le chancelier autrichien, le Premier ministre belge et la président de la Comission européenne étaient présents en EgypteImage : Dirk Waem/Belga/picture alliance

L'Egypte et l'Union européenne ont signé, dimanche 18 mars, un "partenariat stratégique". Cet accord économique et migratoire prévoit notamment 7,4 milliards d'euros de financements européens, sous formes d'aides et de prêts pour Le Caire. Un accord "historique" s'est réjouie la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Mais les ONG de défense des droits humains disent leur inquiétude quant à ce pacte.

Que dit l'accord ?

Cet accord entre Le Caire et Bruxelles est un soulagement en Egypte, car le pays traverse la pire crise économique de son histoire. Les prêts, cinq milliards d'ici 2027, sont donc une bonne nouvelle pour le pays. Les investissements européens, pour 1,8 milliard, doivent aussi aider l'économie égyptienne. Un partenariat présenté comme "gagnant-gagnant". L'Union européenne espère en échange profiter du gaz égyptien, par exemple.

Pourquoi les ONG sont-elles inquiètes ?

Ce qui inquiète les ONG, ce sont les 200 millions d'aides pour des programmes portant sur les questions de migration. Les Européens comptent sur l'Egypte pour empêcher les passages de migrants en Europe, pour empêcher les départs de bateaux depuis ses côtes.

Problème : le pays utilise des méthodes contraires à l'Etat de droit, insistent les ONG. "L'UE veut sous-traiter aux pays d'Afrique du Nord, en particulier l'Egypte (...) la restriction de la liberté de circulation des migrants", réagit l'ONG Refugees Platform in Egypt (RPE) dans une déclaration faite à l'Agence France Presse.

Cet accord est-il totalement nouveau ?

Non, car des accords sur la migration existent entre l'Union européenne et l'Egypte depuis 2004. C'est d'ailleurs pour cela que les ONG ont déjà recensés dans le passé des arrestations arbitraires, des mauvais traitements et même des expulsions vers des pays non sûrs.

Une bouée de sauvetage photographiée sur l'eau en mer Méditerranée
L'Egypte répète que depuis 2016 aucun bateau de migrants n'a quitté ses côtesImage : JOKER/IMAGO

"Du point de vue européen, la coopération avec l'Egypte dans le domaine du contrôle de l'immigration est une plus grande réussite qu'avec d'autres pays, tout simplement parce que le régime égyptien est en mesure, grâce à des contrôles beaucoup plus stricts, de veiller à ce que le nombre de bateaux qui quittent l'Egypte soit très faible", explique Victoria Rietig, directrice du programme migration de la Fondation allemande pour la politique étrangère (DGAP). "C'est parce qu'il s'agit d'un régime autoritaire qui sévit sur place avec des moyens militaires et peu d'intérêt pour les droits humains et la protection des migrants.

Ces questions semblent peu importer en Europe pour le moment. A quelques mois des élections européennes de juin, sous la pression des sondages qui prédisent une poussée de l'extrême-droite, les dirigeants veulent donner une image de fermeté contre l'immigration illégale.

Pourquoi l'Europe tient à cet accord ?

L'Egypte est un acteur clé pour l'Europe dans la région. Le pays est, par exemple, engagé dans les négociations pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Il faut donc coopérer avec le pays, malgré les problèmes autour des droits humains, estime Victoria Rietig sur la DW. "Si nous réduisons notre coopération avec l'Egypte, il y aura un vide géopolitique qui sera ensuite comblé, comme on peut le voir de plus en plus ces dernières années, par la Russie, par la Chine et bien sûr par les Etats du Golfe qui investissentdepuis longtemps beaucoup en Egypte."

L'Europe souhaite donc éviter cela, ne pas perdre du terrain. Signe de l'importance de l'accord : la présence pour sa signature au Caire de cinq chefs d'Etat et de gouvernements européens et de la présidente de la Commission européenne. Evoquant le commerce, les énergies décarbonées ou encore la question des migrations, des points prévus dans l'accord, Ursula von der Leyen, parle d'ailleurs d'un "partenariat stratégique global".