Poutine n'a pas peur de l'escalade en Crimée
18 mars 2014«La peur de l'abîme», titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'Occident craint une escalade de la crise en Crimée après le référendum sur le rattachement de la peninsule à la Russie. Une guerre froide non plus, les pays de l'Ouest n'en veulent pas. Mais en face, Vladimir Poutine n'a pas peur de l'escalade, écrit le quotidien de Francfort. Il a renforcé sa réputation d'homme fort en Russie. Cependant, les coûts pour la politique étrangère et pour l'économie sont élevés. Même dans une autocratie, ils seront visibles. Les habitants des autres régions de l'ancien empire russe se souviendront que Vladimir Poutine est, soudainement, devenu un adepte de l'auto-détermination des peuples. Le potentiel de conflits à l'intérieur de la Russie va plus augmenter que diminuer, prédit le journal.
Plusieurs questions se posent désormais, assure Die Welt. Est-ce que le rattachement de la Crimée n'est qu'un début et Valdimir Poutine veut-il aller plus vers l'ouest de l'Ukraine, sous prétexte de porter secours aux russophones? A quel moment peut-on trouver une sortie avant qu'une guerre froide ne soit déclenchée? Et qui peut être certain qu'elle restera froide? Car de la Syrie à la Corée du Nord, la Russie aura un rôle à jouer.
Die Welt s'interroge aussi sur l'efficacité des sanctions lancées par les Occidentaux contre de hauts responsables russes. Cette politique peut fortement perturber les flux financiers et commerciaux dans le monde, et avoir des conséquences sur la politique intérieure des pays industrialisés.
D'un autre côté, Moscou a l'air d'avoir pris en compte que la crise en Crimée pourrait avoir des conséquences pour l'économie de la Russie, écrit la Süddeutsche Zeitung. Cela a été dit au Kremlin, note le journal. Mais est-ce que cela va jouer un rôle? Pour la tageszeitung, les sanctions actuelles ne doivent pas être surestimées. En dernier recours, l'Union européenne doit prendre des sanctions économiques fortes contre les oligarques, si elle veut rester crédible, note le journal. Et Valdimir Poutine devra réfléchir s'il est prêt ou non à payer ce prix pour son aventure ukrainienne.