Présidentielle sans enjeux au Kenya
26 octobre 2017Environ 19,6 millions d'inscrits étaient attendus dans un peu plus de 40.800 bureaux de vote. L'Agence France Presse rapporte que dans l'Ouest, la plupart des bureaux de vote sont restés fermés, car le matériel électoral n'a pas pu être acheminé et les agents électoraux qui craignaient pour leur sécurité. Le scrutin a été émaillé de tensions dans certaines parties du pays. Ces violences, quoique localisées, ont contraint la Commission électorale à reporter à samedi le vote dans quatre comtés de l’Ouest du Kenya, sur les 47: Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya. Autant de régions considérées comme des bastions de l’opposition, particulièrement de son chef de file, Raila Odinga. Selon des sources policières et hospitalières, ces violences ont fait au moins trois morts, dans le bidonville de Mathare à Nairobi, et les villes de Kisumu et Homa Bay, dans l'Ouest du pays. Selon des analystes, les mêmes difficultés éprouvées lors du premier scrutin risquent de se rééditer samedi prochain. "Je déclare une semaine de deuil et nous ne participerons pas à une élection si nous sommes en deuil", a déclaré Anyang' Nyong'o, le gouverneur du comté de Kisumu. La police a fait un usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
Risque de contestation?
La réélection du président sortant Uhuru Kenyatta est certes acquise. Mais elle pourrait être contestée, peut-être même dans la violence. Rappelons que ce nouveau scrutin a été organisé après l'annulation le 1er septembre par la Cour suprême de l'élection du 8 août. Scrutin à l’issu duquel Uhuru Kenyatta, le président sortant avait été proclamé vainqueur avec 54,27% des voix, contre 44,74% pour Raila Odinga.
La Cour suprême avait justifié cette décision, considérée comme une première en Afrique, par des irrégularités dans la transmission des résultats, qui a décrédibilisé le scrutin le rendant "ni transparent, ni vérifiable".
A en croire la directrice adjointe de l’Institut Français de Recherche en Afrique à Nairobi, "une grande partie de la population souhaite retourner à la vie normale. Ça fait près d'un an qu'on est en campagne, ou en période d'élection." Pour Marie-Emmanuelle Pommerolle, "tout dépendra du taux de participation, la façon dont les commentateurs vont juger la qualité du scrutin. Tout dépendra aussi de la façon dont Raila Odinga va commenter ce scrutin et quelles instructions il pourra donner à ses partisans. Hier, il a plutôt appelé au calme. Donc, on peut espérer qu'il y ait d'ici quelques jours un retour au calme."
Présents massivement lors du premier jour de vote en août, les observateurs internationaux étaient peu nombreux à superviser la bonne tenue de cette élection sans suspense.