Procès controversé en Chine
10 août 2012Gu Kailail a reconnu le meurtre du Britannique Neil Heywood, ami du couple qui aurait aidé à scolariser leur fils dans de prestigieux établissements universitaires en Grande-Bretagne. L'affaire avait déjà coûté à Bo Xilai son poste de Chef du parti communiste de la ville de Chongqing.
S'il s'agissait d'un test de l'Etat de droit en Chine, alors la République populaire ne l'a pas réussi, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le procès de la femme de Bo Xilai n'a duré que quelques heures et s'est terminé par une déclaration pour le moins étrange du Parquet : la Défense n'a pas contesté le crime. Il est bien possible que Gu Kailai ait assassiné cet homme d'affaires britannique. Mais dans ce cas, un tribunal aurait dû présenter et examiner les preuves en bonne et due forme. Au lieu de cela, rien que la dépêche de l'agence officielle Chine nouvelle sur l'ouverture du procès montrait déjà que son issue était connue d'avance. Tout ce qui aurait dû être prouvé a été présenté comme une vérité établie qui ne fait aucun doute. Le gouvernement chinois n'a même pas réussi à sauver les apparences sur le plan juridique.
Cette affaire d'assassinat a entaché la crédibilité du parti communiste et cela juste avant son 18ème congrès, note la Süddeutsche Zeitung. En octobre, une nouvelle génération doit prendre le pouvoir. Le verdict n'a pas encore été annoncé, mais ce qui ressort du procès, c'est que si le déroulement des faits a été décrit de façon détaillée, on est resté assez vague sur le motif du crime. Il ne fallait visiblement pas qu'on sache que Gu Kailai était liée à des affaires de corruption, sinon les cadres du parti auraient dû répondre à des questions embarrassantes : pourquoi autant d'enfants de fonctionnaires font-ils des études dans des écoles privées à l'étranger ? Où trouvent-ils l'argent nécessaire ? Et comment se fait-il que les proches des cadres du parti fassent souvent partie des plus riches personnes du pays ?
Pour la Westdeutsche Zeitung, le limogeage de Bo Xilai et le procès de sa femme montrent le manque d'unité au sein de l'appareil communiste chinois. Les intrigues se multiplient derrière la façade rouge, car d'importants postes sont en train d'être répartis. La Chine a un objectif ambitieux : détrôner les Etats-Unis en tant que première puissance économique mondiale. Et les hommes politiques qui veulent y parvenir sont tout aussi ambitieux en ce qui concerne leur carrière.