Quand l'Europe prend la Russie avec des pincettes
15 décembre 2011Un sommet entre l'Europe et la Russie est toujours un exercice d'acrobatie pour les diplomates. Cette fois-ci, le thème qui fâche, outre les violations des droits de l'Homme, ce sont les résultats contestés des dernières élections législatives en Russie. L'écologiste Werner Schulz estime que l'UE doit aborder le sujet de façon frontale.
"D'après l'analyse du Parlement européen, les élections pour renouveler la Douma ont été manipulées. Nous réclamons leur annulation et l'organisation d'un nouveau scrutin, avec la participation des partis jusqu'ici interdits."
Cependant, Werner Schulz ne fait pas partie des personnes assises à la table de négociations. Et, tout comme ceux qui partagent sa position, il doit faire confiance aux promesses faites aux eurodéputés par la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui a fait savoir que le sujet serait abordé.
Précaution à l'européenne
Pour l'instant, Bruxelles s'est contenté de saluer l'annonce du président russe, qui a promis d'enquêter sur d'éventuelles irrégularités. Et de féliciter Moscou pour sa réaction face aux manifestations organisées par l'opposition.
"Les citoyens russes ont envoyé un message clair qui a été entendu. Le président Medvedev comme son premier ministre, Vladimir Poutine, ont entendu ce message."
Si l'Union Européenne est si gênée aux entournures, dans ses relations avec Moscou, c'est qu'elle espère que la Russie l'aidera à faire face à la crise de l'euro. La monnaie commune européenne a encore dégringolé hier. Et l'assurance des autorités du Kremlin, qui promettent 10 à 20 milliards de dollars d'aide aux pays européens en difficulté via le FMI, cette promesse est la bienvenue à Bruxelles. En échange, l'Union européenne pourrait faire un pas vers une mesure réclamée de longue date par Moscou: la suppression des visas entre l'Europe et la Russie. Même si les citoyens devront patienter encore avant d'avoir le droit de circuler librement: aucune décision de taille ne devrait être prise avant la présidentielle russe, en 2012.
La Russie doit par ailleurs rejoindre aujourd'hui les rangs de l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce.
Quant à Vladimir Poutine, il a participé à une émission de télévision durant laquelle des téléspectateurs pouvaient lui poser des questions. Le Premier ministre a réaffirmé que les élections avaient été "justes" et il s'est amusé du ruban blanc arboré par les manifestants de l'opposition.
Il a par ailleurs accusé les forces spéciales américaines d'avoir été impliquées dans la mort du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, dont les conditions exactes n'ont toujours pas été éclaircies.
Auteurs: Martin Bohne, Sandrine Blanchard
Edition: Anne Le Touzé