Réagir à l'usage supposé de gaz sarin en Syrie
26 avril 2013Une ligne rouge faute de quoi une intervention en Syrie serait inévitable. Que faire à présent que ces soupçons d'usage de gaz sarin par le régime syrien se font plus pressants ? Dans un premier temps, pas grand chose.
Certes, le gaz sarin est extrêmement toxique. Incolore, inodore, il est directement absorbé par la peau et mortel même à très faibles doses. A ce titre, il est considéré par les Nations unies comme une arme de destruction massive depuis 1991 et sa production comme sa conservation sont interdites depuis vingt ans par l'ONU. Le problème : il est très difficile d'établir son usage réel en Syrie.
Alors les Etats-Unis font montre d'une grande prudence. Le ministre de la défense américain attend davantage de preuves intangibles pour étayer les soupçons.
Envoyer des contrôleurs de l'ONU
L'opposition syrienne réclame désormais une intervention urgente des Nations unies. Le secrétaire général de l'ONU quant à lui demande au régime syrien d'accepter la venue à Alep de contrôleurs onusiens spécialistes des armes chimiques. Ces contrôleurs sont prêts à partir d'ici 24 à 48 heures, si le pouvoir en place les laisse entrer. Cela fait maintenant plus de deux ans que la guerre fait rage en Syrie et que le régime et les rebelles s'accusent mutuellement d'utiliser des armes chimiques. L'arsenal de la Syrie en la matière serait l'un des plus importants du monde.
La France avait déjà indiqué posséder des informations à ce sujet. Le premier ministre britannique, David Cameron, a lui aussi fait état de « preuves croissantes » de l'emploi de ce type d'armes en Syrie, et appelle la communauté internationale à « faire davantage »… Israël appelle plus directement à une intervention armée des Etats-Unis.
Le mauvais souvenir irakien
Toutefois, rien ne dit que la rébellion ne fait pas elle aussi usage d'armes chimiques. Et surtout : personne n'a envie d'ouvrir un nouveau front international en Syrie - et donc au Moyen-orient. Les Etats-Unis empêtrés en Irak et en Afghanistan depuis dix ans ne sont pas prêts à s'engager dans ces nouvelles dépenses. On se souvient que l'intervention en Irak était basée sur de faux renseignements concernant de prétendues armes chimiques utilisées par le régime de Saddam Hussein.
Sans compter le risque encouru par les soldats qu'on envoie faire la guerre : chaque victime américaine risquerait de faire baisser la cote de popularité de Barack Obama, qui n'est déjà plus au beau fixe. La Grande-Bretagne non plus ne parle pas d'envoi de troupes. Pour l'instant, l'option envisagée est un soutien accru aux rebelles syriens à qui l'on livrerait des armes. L'embargo a été assoupli à cet effet.
Avec toutefois une difficulté majeure qui persiste depuis des mois : quel interlocuteur choisir – sur qui miser pour l'après-Assad – dans une opposition syrienne toujours très divisée. En attendant, la guerre continue, avec près de 70 000 morts depuis mars 2011 et plus d'un million quatre cent mille réfugiés dans les pays voisins.
Jihadistes allemands
Par ailleurs, le ministre allemand de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich s'inquiète de la présence de près d'une trentaine de jihadistes allemands aux côtés d'une frange extrémiste de la rébellion syrienne. Ce qui, selon le ministre représente un danger aussi pour la sécurité de l'Allemagne.