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Tchad : le flou autour de la libération de trois Russes

Blaise Dariustone
1 octobre 2024

Le manque de communication au sujet de la libération de trois ressortissants russes suscite des interrogations au sein de l'opposition tchadienne.

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Scène de rue à N'Djamena
L'arrestation de Maxim Chougaleï et ses compagnons puis leur remise en liberté suscite des questions au TchadImage : Issouf Sanago/AFP

Au Tchad, trois ressortissants russes arrêtés, auraient quitté N'Djaména ce week-end. Leur libération aurait été ordonnée par le président Mahamat Déby Itno lui-même d'après le journal tchadien en ligne Alwihda Info. Le gouvernement tchadien n'a donné aucune information sur l'interpellation de ces étrangers sur son territoire.

Des arrestations et des interrogations

Sa présence parmi les personnes arrêtées explique sans doute l'intérêt que l'affaire suscite au Tchad. Maxim Chougaleï, c'est de lui qu'il s'agit, est sous sanctions de l'Union européenne qui le considère comme un soutien du groupe de mercenaires russes Wagner, dont il assure la propagande. En communiquant sur son arrestation, Moscou affirmait que l'intéressé était un sociologue qui avait été arrêté avec son traducteur.

Dans tous les cas, l'interpellation de Maxim Chougaleï en plus de deux de ses concitoyens russes et d'un citoyen bélarusse demeure jusque-là non élucidée.

Ce silence est perçu par de nombreux observateurs comme une stratégie de N'Djamena pour ménager sa coopération avec Moscou.D'autres, comme l'homme politique tchadien Max Kemkoye, pensent que Chougaleï paie sa fidélité pour l'ex-chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine mort dans un crash peu après sa rébellion contre le Kremlin.

"Malgré le fait que Chougaleï était sous sanction américaine et européenne, il était déjà à N'Djamena. Il a même travaillé avec certains proches du pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno. Ce ne sont pas des sociologues. Ils seraient bien évidemment des agents opérant sous couverture mais qui sont maintenant sacrifiés par le gouvernement russe du fait de leur passé encombrant" assure Max Kemkoye.

Selon lui, le président russe "Vladmir Poutine ne veut plus entendre parler de l'ex-Société militaire privée... Wagner".Selon toujours Max Kemkoye "c'est en fait ça qui a conduit à leur arrestation''.

Ecoutez les explications de Blaise Dariustone

"Une stratégie politique"

Avant cette affaire, Moscou entretenait de bonnes relations avec N'Djaména. En janvier, le président Mahamat Déby alors président de transition, avait rendu visite à Vladimir Poutine en Russie.

Pour Béral Mbaikoubou, membre du Conseil national de transition, qui fait office de parlement de transition, cette tentative de rapprochement de N'Djamena avec Moscou relève tout simplement d'une stratégie géopolitique.

Le Tchad explique-t-il est "entouré par des pays où règnent des tensions politiques.des guerres auxquelles la Russie est mêlée et donc si les tenants du pouvoir tchadien veulent garder leur fauteuil, ils ont intérêt à garder de bons rapports avec la Russie pour que Monsieur Poutine ne soutienne pas par exemple les rébellions qui sont en naissance dans l'est ou l'extrême nord du pays".

Béral Mbaikoubou assure par ailleurs ne pas "penser pas que la Russie soit une solution aux problèmes du Tchad vu que la Russie elle-même n'est pas une démocratie".

Selon lui "le régime tchadien tel que nous connaissons, il ne faut pas voir d'un bon œil qu'il se rapproche de la Russie parce que c'est de la violence politique qui va se rajouter à la violence politique".

L'arrestation de Maxim Chougaleï avec ses compagnons coïncide avec l'ouverture il y a quelques jours de la maison russse à N'Djamena.Ni le Ministre des Affaires étrangères, ni celui de la Justice n'ont souhaité répondre aux questions de la Deutsche Welle sur le sujet.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais