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Tensions entre la Chine et ses minorités

Aude Gensbittel29 juillet 2009

Le dalaï lama est attendu cet après-midi à Francfort, en Allemagne. Il vient certes en tant que chef spirituel des Tibétains, mais le dalaï lama incarne avant tout les revendications d’un Tibet autonome.

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Fillettes ouïghoures à Urumqi, dans la province du Xinjiang.Image : AP

Les Tibétains ne sont que l'une des 55 minorités nationales du pays. La politique de Pékin envers ces minorités est souvent problématique, comme l'ont montré au mois de juin les violences entre la majorité Han et les Ouïghoures dans la province du Xinjiang.


China Tibet Demonstration in Lhasa Polizei
Manifestation à Lhasa, au Tibet, contre la tuelle chinoise début mars 2008.Image : AP

La façon dont la Chine traite les Tibétains et les Ouïghoures est régulièrement critiquée par les défenseurs des droits de l'Homme. Ces deux minorités sont les plus connues, mais le pays en compte au total 55. La plus grande est celle des Zhuang, qui compte 16 millions de personnes. La plus petite, celle des Lhoba, au Tibet, avec 3000 membres. Les territoires peuplés par ces minorités nationales représentent deux tiers du pays. Ce sont souvent des zones riches en matières premières ou frontalières de régions d'une grande importance stratégique.


Il y a aujourd'hui en Chine cinq grands territoires et plus d'une centaine de régions autonomes. Dans les années 1980, les droits des minorités ont officiellement été renforcés. Par une modification de la constitution et par la loi de 1984 sur l'autonomie régionale des ethnies minoritaires. Droit d'utiliser sa propre langue, liberté de religion, accès à des fonctions importantes dans l'administration locale. Björn Alpermann, spécialiste de la Chine :


« Les droits des minorités dans les soi-disant régions autonomes n'existent que sur le papier. La plupart de ces droits n'ont jamais été appliqués. Et cela tient essentiellement au fait que même dans ces régions, le parti communiste contrôle les moindres aspects de la politique. »


Uiguren / Xinjiang
Forces de sécurité chinoises face à la population ouïghoures à Urumqi, dans la province du Xinjiang.Image : AP

En Chine, Etat et parti ne sont pas séparés. Le parti communiste est même au dessus de la constitution et ses décisions peuvent se répercuter à tous les échelons de la société, bafouant parfois les décideurs locaux. Autre problème : les minorités n'ont aucune influence sur l'implantation massive des Hans, l'ethnie majoritaire en Chine, dans leurs régions. Pour Gardner Bovingdon, chercheur américain sur la minorité ouïghoure, la supériorité affichée par les Hans dans les régions autonomes et la préférence que leur accorde le gouvernement est la source d'une grande insatisfaction pour les autres ethnies :


« Ce sentiment évident et palpable que les Hans regardent les Ouïghoures de haut, tout comme ils le font avec les autres minorités. C'est une forme de discrimination qui force les Ouïghoures à se considérer comme inférieurs et à adopter la langue et la culture de la majorité Han s'ils espèrent devenir des citoyens à part entière. »


Il faut noter que les minorités profitent à peine de l'exploitation de leurs ressources naturelles. Depuis la fin des années 1990, 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté dans les régions autonomes. Parmi les Ouïghoures, le taux de chômage est estimé à environ 30%.