1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Togo : le rapatriement des restes de Sylvanus Olympio divise

13 janvier 2025

​​La DW revient sur l'assassinat du premier président togolais avec Ekue Foly Gada, ex-conseiller de Gilchrist Olympio.

https://p.dw.com/p/4p7Ql
Sylvanus Olympio est né le 6 septembre 1902 à Kpando au Ghana
Sylvanus Olympio est le père de l'indépendance du Togo Image : United Archives/imago images

​​​Le 13 janvier 1963, à Lomé, le premier Président de la République togolaise indépendante, Sylvanus Olympio, est assassiné. Soixante deux ans plus tard, les circonstance de son assassinat n'ont toujours pas été élucidées. Mais depuis lors, il repose à Agoué, au Bénin.
Récemment, Awa Nana-Daboya, médiatrice de la République togolaise et présidente du Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l'unité nationale (HCRRUN), a évoqué la possibilité du rapatriement de la dépouille de Sylvanus Olympio au Togo. Cette démarche s'inscrit, selon elle, dans le droit fil des recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) de 2014. 

Gilchrist Olympio à Lomé en  février 2005
Gilchrist Olympio a été pendant de nombreuses années le chef de l'opposition togolaiseImage : picture alliance/AP Photo

Pour revenir sur l’assassinat de Sylvanus Olympio, la DW a interrogé Ekue Foly Gada, ex-conseiller de Gilchrist Olympio, le président de l'Union des forces de changement (UFC) et par ailleurs fils du président défunt. Ekue Foly Gada est aussi le directeur de l'Institut d'études stratégiques (IES) de l'université de Lomé.

Ekue Foly Gada ​: Il y avait deux grands dossiers au cœur de cet assassinat, un dossier national qui est notamment celui de l'intégration au sein de l'armée togolaise.  La petite armée togolaise Des militaires qui sont revenus de l'armée française, sont revenus des campagnes d'Algérie et d'autres théâtres où l'armée française conduisait des guerres coloniales. Ils sont rentrés, ils ont été démobilisés par la France. Ils voulaient revenir dans leurs pays respectifs pour être intégrés dans l'armée. Sylvanus Olympio n'était pas d'accord​,parce que cette intégration posait des problèmes de budget.

Et au-delà de la question nationale, il y a le dossier de la réforme monétaire de Sylvanus Olympio.

Sylvanus Olympio avait exprimé sa désapprobation par rapport à l'instauration du système du compte d'opération, c'est-à-dire le mécanisme du franc CFA qui enrichissait le Trésor français au détriment de l'État togolais.

Il n'a pas voulu que la France contrôle l'économie togolaise à travers les contrats d'importation, les contrats d'exportation et les contrats de prospection des ressources minières stratégiques et ordinaires.

​Voilà les deux dossiers immédiat et lointain qui ont occasionné l'assassinat de Sylvanus Olympio le 13 janvier 1963. 

DW : Selon nos informations, le Haut Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l'unité nationale​ (HCRRUN) recommande le rapatriement des restes de Sylvanus Olymp​io. Pourquoi maintenant ?

L'interview de Ekue Foly Gada

​Ekue Foly Gada ​: Il est de l'intérêt de l'État, ne serait-ce que du point de vue symbolique, que sa dépouille soit transférée au Togo et que les honneurs nationaux qui sont dus au rang du chef de l'État​ qu'il a été lui soient rendus post mortem et soient rendus à sa famille.

Maintenant, le problème est double​. ​Puisque c'est la famille qui a refusé que la dépouille soit transférée au Togo.

Mais il faut retenir qu'on ne considère pas ​Agoué comme étant une partie du territoire béninois.

Les indépendantistes et en particulier la famille considèrent que le président est toujours au Togo parce qu'il y a un contentieux territorial entre Dahomey et le Togo qui n'a pas été dûment résolu.

Et donc, une fois que ce contentieux sera résolu et que les nouveaux accords sur le tracé des frontières maritimes entre le Togo et le Bénin seront signés, alors on verra si effectivement ce sera nécessaire de le transférer dans le Togo définitif, ou ce sera plutôt mieux de le garder dans cette partie qui deviendra le Togo.

DW MA-Bild Eric Topona
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona