Turquie: coup d'envoi de la procédure contre l'AKP
31 mars 2008La décision a été prise à l'unanimité par les onze juges de la Cour constitutionnelle turque. Cette demande d'interdiction avait été auparavant très critiquée au sein de l'Union européenne et notamment par l'Allemagne. Ruprecht Polenz préside la Commission des Affaires étrangères au Bundestag, la chambre basse du parlement allemand. Il déclarait il y a quelques jours au service turc de notre station:
"Je crois, sans vouloir entraver l'indépendance de la justice, qu'il s'agit d'une procédure problématique: comment soupçonner en effet un parti d'anticonstitutionnalité, lorsque ce même parti a été élu par une grande majorité de la population? "
Il est vrai que l'AKP a été largement réélu lors des législatives de juillet dernier, avec 46,6% des voix. Le procureur en chef de la Cour de cassation qui a saisi la Cour constitutionnelle estime toutefois que l'AKP menace les fondements laïques de la République turque. Le Premier ministre (de l'AKP) Recep Tayyip Erdogan réfute bien évidemment ces accusations:
"Nous avons donné la possibilité à 15 millions d'élèves de disposer gratuitement de manuels scolaires. Peut-on parler dans ce cas de menace contre la laïcité? Chacun peut choisir librement l'hôpital dans lequel il aimerait se faire soigner, peu importe la mutuelle à laquelle il est affilié. Là aussi: s'agit-il d'une menace contre la laïcité? Ce que nous faisons, c'est mettre en pratique nos idéaux démocratiques et républicains."
Un verdict final sur l'interdiction - ou non - de l'AKP n'est pas attendu avant plusieurs mois. Les tensions politiques en Turquie font pendant ce temps craindre un ralentissement des réformes exigées par Bruxelles pour une éventuelle adhésion d'Ankara à l'Union européenne. Réformes dont le rythme s'était déjà ralenti ces derniers mois.