Zambie : Hakainde Hichilema remporte la présidentielle
16 août 2021La commission électorale zambienne a annoncé ce lundi matin les résultats partiels portant sur 128 circonscriptions, sur un total de 156, soit 82% des circonscriptions.
Hakainde Hichilema, homme d'affaires autodidacte de 59 ans surnommé "HH", domine largement avec plus de 2,3 millions de suffrages contre près d'1.5 millions pour le président sortant.
C'est la troisième fois que Hakainde Hichilema affronte Edgar Lungu dans les urnes. En 2016, il avait perdu de seulement un peu plus de 100.000 voix.
Dans les circonscriptions déjà dépouillées, la participation, très forte, s'élève à 71%, confirmant l'engouement pour ce scrutin.
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Que va décider le président sortant ?
Charles Melupi, un porte-parole de l'opposition, a appelé dans la matinée, le président sortant à "agir en homme d'Etat" et à admettre "rapidement" sa défaite "pour que le processus de passation de pouvoir et de réconciliation de ce pays puisse commencer".
En attendant les résultats définitifs, qui pourraient n'être connus dans la journée, les Zambiens s'interrogent sur les intentions de M. Lungu, leprésident sortant.
Samedi soir, la présidence a annoncé que le parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces traditionnellement acquises à l'opposition, estimant que le vote y avait été "caractérisé par des violences", rendant "l'exercice nul".
La fête à Lusaka
Dans la capitale Lusaka, des centaines de partisans s'étaient déjà rassemblés plus tôt dans la soirée, notamment devant la maison de Hakainde Hichilema. Habillés de rouge, couleur de son parti l'UPND, ils ont dansé, klaxonné, fêté la victoire avant même les résultats définitifs, tant "HH" semblait assuré de l'emporter.
"Comme vous pouvez le voir, il y a une forte affluence de personnes. Les gens sont sortis de leurs maisons pour venir célébrer le nouveau président élu qui n'est autre que Hakainde HIchilema", dit un partisan de l'opposant.
"Avec Son Excellence Hakainde Hichilema, nous, les enfants de la Zambie, sentons que nous allons maintenant accéder à la liberté et nous espérons un changement et une meilleure Zambie" , ajoute une femme en liesse.
"Avec le nouveau gouvernement qui se met en place, nous espérons qu'ils vont nous trouver des emplois. Avec l'ancien régime, tout était basé sur l’élite, c’était toujours les cadres qui avaient du travail et des opportunités. C'est le changement dont nous avions besoin, c'est pourquoi les gens sont heureux. Les jeunes mécontents, c'est comme ça qu'ils nous appelaient et maintenant nous leur avons montré que nous ne sommes pas mécontents, nous sommes en fait les jeunes qui font le changement. Nous contrôlons notre démocratie, nous le leur avons montré", lance pour sa part un autre jeune acquis à la cause de Hakainde Hichilema.
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Qui est Hakainde Hichilema ?
"HH", comme il est surnommé, a perdu toutes les élections régulières ou anticipées organisées dans le pays depuis 2006, faisant progresser son pourcentage de voix à chaque tentative. La dernière fois, en 2016, il a perdu avec une marge si faible qu'il a contesté les résultats, affirmant que le scrutin lui avait été "volé".
Arrêté une quinzaine de fois depuis qu'il fait de la politique, il a passé quatre mois à l'isolement en prison pour "trahison" après avoir refusé le passage à un convoi présidentiel juste après l'élection de 2016.
Orateur éloquent et toujours rasé de près, Hichilema a mené une campagne habile sur les réseaux sociaux et travaillé dur pour se débarrasser de son image élitiste, troquant ses costumes sur mesure pour des treillis ou des jeans plus décontractés.
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Né dans une famille pauvre du sud du pays, c'est son "cran" et sa "détermination" à l'école, raconte-t-il, qui lui ont valu une bourse déterminante à l'université de Zambie, dont il sort diplômé en économie et gestion des affaires, avant de prolonger ses études en Angleterre.
Il a commencé dans l'immobilier, investissant progressivement dans la finance, l'élevage, la santé et le tourisme. "HH" a siégé au conseil d'administration de plusieurs grandes entreprises zambiennes.
Cet "outsider" politique, venu du monde des affaires, a été catapulté à la tête du parti UPND, à la mort de son ancien leader en 2006.
Le slogan de sa campagne est "Faka pressure" ou "faire pression" pour le changement en argot local.
Chrétien de l'ethnie Tonga, il est marié et a trois enfants. Mécène à ses heures, il finance des écoles et paye les frais de scolarité d'enfants défavorisés.
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