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Etat de droitBurkina Faso

L'armée burkinabè suspectée d'exactions contre des civils

Charles Bako
14 novembre 2022

Des unités de l'armée burkinabè seraient accusées d'avoir causé la mort de plusieurs dizaines de civils, selon le bureau du Haut-commissariat aux droits de l'Homme au Burkina Faso.

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Des soldats burkinabè fidèles au nouveau dirigeant, le Capitaine Traoré (illustration d'octobre 2022)
Des défenseurs des droits humains mettent l'armée en cause dans certaines violences contre des civils burkinabèImage : Kilaye Bationo/AP/dpa/picture alliance

Le 14e régiment interarmées de Djibo, dans la région du Sahel au Burkina Faso, aurait bombardé les villages de Holdé, Yaté et Dabere Pogowel, situés à environ dix kilomètre du camp militaire du régiment de la ville de Djibo. Pour l'instant, aucun bilan officiel n'est établi par les autorités burkinabè qui ont annoncé l'ouverture d'une enquête.

Des cas qui se répètent

Au Burkina Faso, ce n'est pas la première fois que des militaires sont accusés de crimes sur des civils dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il y a déjà eu le drame de Tanwalbougou, dans l'est du pays, où douze civils ont été retrouvés morts entre les mains de la gendarmerie. 

Mais aussi celui de Tougouri, au centre-nord, où des organisations de la société civile ont parlé de plusieurs dizaines de morts après une opération militaire. 

Les cas le plus récents seraient ceux de Holdé, Yaté, Ména et Dabere Pogowel à Djibo. Cette fois ci, c'est le 14e régiment interarmées de Djibo qui est accusé par le bureau pays du Haut-commissariat des droits de l'Homme au Burkina d'avoir tué des civils, y compris des femmes et des enfants. 

Des femmes, des enfants, des nourrissons

Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés, déplore cette situation : "ce qui est extrêmement choquant, c'est qu'il s'agit majoritairement de femmes et d'enfants, des bébés de sept jours pour certains. Mais en tant que défenseur des droits humains, je félicite le gouvernement burkinabè qui a accepté d'ouvrir des enquêtes pour identifier les acteurs impliqués dans ce massacre."

Prudence toutefois, selon Karim Koné, membre de la société civile, qui juge qu'il ne faut pas tomber dans le piège de la propagande djihadiste en accusant sans preuves l'armée burkinabè d'avoir commis des crimes sur des civils.

Des petites filles dans un camp de réfugiés burkinabè dans le nord du Ghana (illustration, septembre 2022)
Des centaines de milliers de civils ont dû fuir les violences au Burkina FasoImage : DW

"Ce ne sont pas des sources officielles. Il y a une association de la communauté peulh qui parlait de presque une cinquantaine de victimes avec beaucoup plus de femmes et d'enfants", rappelle-t-il.

La justice doit se prononcer

En juin 2022, l'armée burkinabè avait déjà défini des zones d'intérêt militaire et avait demandé aux civils de se tenir hors de ces zones.

Pour Roland Bayala porte-parole de la coalition des patriotes africains, il faut attendre le résultat des enquêtes puisque "l'affaire est dans les mains de la justice". Il déclare simplement : "laissons la justice donner son verdict par rapport à cela et situer les différentes responsabilités."

Dans un communiqué, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, à travers son canal de communication Az Zallaka, accuse aussi l'armée burkinabè d'avoir exécuté des civils, dont la plupart seraient des femmes et des enfants. 

Qu'il s'agisse ou non de propagande, cette situation mérite une attention particulière de l'Etat.

Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais