L'Égypte reste mobilisée avant les résultats
19 juin 2012Les résultats officiels du second tour de la présidentielle devraient être publiés, au plus tôt, mercredi 20 juin. Mais déjà, les deux candidats clament leur victoire.
Ramadan Ibrahim fait partie des partisans pro-islamistes. Il soutient Mohamed Morsi et croit d'ores et déjà en sa victoire : « Si Dieu le veut, Morsi est bon. Et Dieu nous montrera sa grandeur à travers l’action de Morsi. »
Quelle que soit l’issue officielle du scrutin, le nouveau président égyptien aura une marge de manœuvre limitée. Le Conseil militaire a élargi ses pouvoirs exécutifs et s’est doté de nouvelles prérogatives législatives en attendant l’élection du prochain Parlement. Le Conseil militaire peut ainsi faire modifier les textes de loi comme bon lui semble, jusqu’à obtenir entière satisfaction sur chaque libellé.
L’homme fort du régime restera donc le maréchal Tantaoui, qui garde le contrôle sur la puissante armée du pays. Le nouveau chef de l’État devra par exemple demander son accord avant de pouvoir déclarer une guerre. Des changements promulgués dans l’indifférence quasi-générale, selon Abdoul Moneim Al-Mashat, professeur de sciences politiques à l’université du Caire :
« Ils ont publié ces arrêts alors que tout le monde avait les yeux braqués sur les résultats de la présidentielle. Je suis sûr que les gens auraient réagi autrement si cela avait été décidé dix jours plus tôt. »
La répression qui continue décourage les révolutionnaires de 2011, qui se considèrent comme les grands perdants de la nouvelle Égypte en train de se mettre en place. L’un d’entre eux, Shady Abdallah, exprime ses craintes :
« Les gens sont frustrés et très fatigués. Pendant un an et demi, nous avons passé le plus clair de notre temps dans la rue, à réclamer liberté et justice sociale. Mais nous n’avons rien obtenu ! »
Les islamistes et les révolutionnaires ont au moins un point commun aujourd’hui : s’ils se réunissent place Tahrir, au Caire, ce n’est pas pour faire la fête mais bien pour manifester. Entre autres choses, contre la dissolution du Parlement qu'ils avaient élu.